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Valérie BAERISWYL fait battre le cœur d'Haïti

Publié le 14/06/2019

Valérie BAERISWYL fait battre le cœur d'Haïti

Valérie Baeriswyl est la lauréate de la 9e édition du concours Portrait(s) co-organisé avec la plateforme Wipplay. Sa série, «Forêt des Pins» sera exposée à la médiathèque pendant le festival. Cette photographe suisse qui a étudié le photojournalisme à Paris et travaillé pour divers magazines français de 2012 à 2015 est basée entre Haïti et la Suisse.

Récompensée en 2012 du Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant pour sa série «Convertie» sur une jeune française convertie à l’islam, Valérie Baeriswyl travaille, depuis 2016, en freelance pour l'AFP en Haïti.

Passionnée par les gens et leurs communautés, elle s'intéresse particulièrement aux personnes appartenant à des minorités et à la société en général. Dès son plus jeune âge, elle a développé une passion pour les voyages afin d'élargir ses horizons et de faire l'expérience de nouvelles cultures, tout en photographiant des personnes, en mettant en valeur leur beauté et leurs différences.

«Arrivée un peu par hasard après un passage en République dominicaine, je suis venue en Haïti pour réaliser un reportage. Depuis plus de 4 ans, j’ai un coup de cœur immuable pour ce pays. Je dirais que c’est un peu rocambolesque et palpitant, inattendu, sans routine. La chaleur humaine défie les lois du thermomètre. En ce moment, je finalise un livre sur les mariages haïtiens. Avec le «kolektif 2D», nous allons prochainement sortir le 2e numéro de notre revue «Fotopakle», qui aura pour thématique l’environnement, auquel je participe justement avec mon reportage sur la Forêt des pins.»


Portrait(s), du 14 juin au 8 septembre :

Festival Portrait(s)


«Forêt des Pins»

«Située dans le Massif de la Selle, à quelque 82 kilomètres au sud-est de Port-au-Prince, la Forêt des Pins est l’une des dernières forêts natives du pays. Cette forêt s’étend jusqu’à la frontière de la République dominicaine et croit entre 850 mètres et 3000 mètres d'altitude. Véritable château d’eau naturel, elle est la source de nombreux points d’eau potable et de rivières qui alimentent en aval quelques-unes des plus grandes villes du pays. Cette forêt de conifères offre un écosystème indispensable à la préservation des sols et à la régulation de l’eau. Avec 5000 espèces de plantes, elle est la deuxième région la plus riche en biodiversité du pays. De prime abord, bien que le climat y soit généralement très brumeux, frais et humide, c’est une magnifique forêt.

Malheureusement, elle est menacée par la déforestation humaine surtout du côté haïtien. La forêt étant divisée en deux zones (Unités I et II) -comptant quelque 10000 habitants installés au cœur de la forêt et 50000 familles qui vivent à ses portes- doit faire face à la précarité de la population qui l’exploite de façon intensive afin de s’assurer un maigre revenu. 

Malgré des moyens insuffisants, l’État haïtien a créé une réserve forestière afin de protéger ce patrimoine naturel et de limiter le déboisement. De plus, les gardes forestiers sont trop peu nombreux et sous-payés.

Des 32000 hectares au début des années 1900, il n’en reste pas plus de 6 000 aujourd’hui. En effet, les résidants de la zone abattent les pins en masse. Du bois destiné à produire du charbon, des planches pour la construction de maison, et à alimenter les feux pour la fabrication du lait de chaux. Sans parler de la pratique la plus nuisible : la production du «bois-gras». Très utile, ce petit bois couvert de résine sert d’allume-feu. Par ailleurs, durant la nuit, les paysans mettent le feu à de petites parcelles dans la forêt dans l’intention de gagner du terrain pour l’agriculture (pois, pomme de terre, banane, etc.). Les terres incendiées sont aussi récupérées pour l’élevage des animaux.

Le déboisement massif de cette forêt cause chaque année inondations et glissements de terrain parfois meurtriers. La détérioration de l'environnement touche toute la ligne frontalière du lac Azuéi à Anse-à-Pitres.

Ces portraits se veulent un aperçu du quotidien des habitants de la zone, d’une enclave où il manque tous les services de bases: électricité, eau, route, transport, hôpitaux et où la coupe du bois est une question de survie.»

Valérie Baeriswyl