Hommages aux 80 parlementaires qui ont dit “Non” au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940
Le 10 juillet 1940 l’Assemblée nationale, qui réunit à l’époque le Sénat et la Chambre des députés tient une séance exceptionnelle dans le casino de Vichy. Elle vote à cette occasion, la loi constitutionnelle qui conduira à attribuer les pleins pouvoir au Maréchal Pétain et fera de Vichy, la capitale de l’Etat Français jusqu’en août 1944.
La cérémonie du 10 juillet 2025
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pleins pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy s’est tenue le jeudi 10 juillet 2025 à 11h. Frédéric Aguilera, Maire de Vichy, a eu l’honneur d’accueillir le Premier ministre François Bayrou et plus de 70 descendants des 80 parlementaires et des passagers du Massilia. Ensemble, ils leur ont rendu rendu hommage, 85 ans après leur refus courageux de voter les pleins pouvoirs à Pétain, ici même, le 10 juillet 1940.
Discours de Frédéric AGUILERA
Discours de Frédéric Aguilera
Cérémonie en hommage aux 80 parlementaires et aux 27 passagers du Massilia
10 juillet 2025
Opéra de Vichy
Monsieur le Premier ministre,
Bienvenue à Vichy, Reine des villes d’eaux, forte de deux mille ans d’histoire, et désormais inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est un honneur de vous accueillir aujourd’hui.
Votre présence prolonge celle du Président de la République en 2021. Première visite mémorielle d’un chef de l’État à Vichy depuis près de 70 ans. Elle marque une volonté claire : celle de regarder notre histoire nationale en face.
En venant ici, vous rendez hommage à 80 résistants, mais aussi aux familles présentes, qui portent avec fierté l’héritage républicain de leurs aïeux
Chères familles de :
Vincent BADIE, Paul BASTID, Paul BOULET,
Georges BRUGUIER, Séraphin BUISSET,
Auguste CHAMPETIER DE RIBES, Pierre CHAUMIÉ,
Arthur CHAUSSY, Léonel de MOUSTIER, Edouard FROMENT,
Justin GODART, Henri GOUT, Eugène JARDON,
François LABROUSSE, Albert LE BAIL, Victor LE GORGEU,
Justin LUQUOT, Alfred MARGAINE, Léon MARTIN,
Pierre MENDES FRANCE, Jules MOCH, Louis NOGUERES,
Jean PERROT, André PHILIP, Camille ROLLAND,
Henry SÉNÈS, Philippe SERRE, Gaston THIÉBAUT,
Isidore THIVRIER, Jean-Marie THOMAS, Jean ZAY
Michel ZUNINO,
Chères familles,
Soyez les bienvenues à Vichy.
Votre présence, dans ce lieu à la fois magnifique et chargé d’histoire, est un honneur immense.
Elle est le signe vibrant d’une mémoire qui ne se délite pas, d’un héritage républicain transmis avec gravité et fierté, de génération en génération.
Nous sommes réunis ici, dans cette salle de l’Opéra, non pour une cérémonie figée, mais pour un acte de fidélité.
Car, c’est ici, le 10 juillet 1940, que la République fut enterrée.
L’armée française était vaincue. Paris occupée. Les ministères dispersés. La peur généralisée.
Dans ce climat d’effondrement, les parlementaires furent convoqués à Vichy pour voter un texte unique, qui allait décider du destin de notre pays.
Ce texte n’était pas une loi comme les autres.
Il transférait la totalité des pouvoirs constituants à Pétain, lui donnant la liberté de rédiger une nouvelle Constitution.
Et au passage, de faire disparaître la République.
569 votèrent oui.
80 votèrent non.
Leur courage fit l’Histoire.
Ce vote, par une funeste légalité, donna naissance à l’État français.
Une entité nouvelle, issue d’un acte légal, mais en rupture radicale avec les principes fondateurs de notre Nation.
Ce régime collabora, persécuta, trahit. Il fut l’instrument docile de l’occupant, et le fossoyeur de la liberté et des droits.
En 1995, il y a 30 ans quasiment jour pour jour, Jacques Chirac eut le courage politique de reconnaître la responsabilité de l’État Français.
Il déclara, dans un discours resté dans l’Histoire :
« Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. »
Insister sur cette vérité n’est pas polémique.
C’est un acte de précision, de lucidité.
C’est lier clairement le vote du 10 juillet à l’instauration d’un régime qui a failli.
Et rappeler que : ce qui s’est passé, ici, à Vichy, ne relève ni du malentendu ni du hasard.
Mais au cœur de cette nuit politique, 80 voix se sont levées.
Des hommes, issus de tous les bancs – radicaux, socialistes, démocrates-chrétiens – ont dit non.
Un non simple, net, risqué, profondément républicain.
Vincent Badie, en quittant l’hémicycle, s’écria :
« Vive la République quand même ! »
Léon Blum, emprisonné, écrira plus tard :
« Aux moments redoutables de sa vie, l’homme ne la sauve qu’en la risquant »
Ces 80 parlementaires dirent d’une seule voix « non à la honte » et votèrent « contre le suicide de la France. »
Ils étaient peu.
Mais leur geste fut immense.
Ils n’ont pas empêché la chute.
Mais ils ont empêché le déshonneur.
Et comment ne pas évoquer ceux qui, quelques jours auparavant, embarquaient à bord du Massilia pour tenter de poursuivre la lutte ?
Paul Bastid. Pierre Mendès France. Jean-Marie Thomas. Jean Zay.
Leur exil, leur emprisonnement, parfois leur assassinat, témoignent du prix de la fidélité à la République.
Ces hommes nous ont laissé un héritage.
Pas une gloire figée dans le passé, mais une exigence pour l’avenir.
Cinq leçons en ressortent :
- Que la République n’est jamais acquise, qu’elle est un engagement de chaque instant.
- Que le Parlement est le cœur de notre souveraineté populaire.
- Que l’éthique doit toujours primer sur l’opportunisme ou la peur.
- Qu’il faut parfois risquer sa place pour sauver son honneur.
- Et que l’Histoire finit par reconnaître ceux qui ont tenu bon.
Ces leçons nous parlent encore.
Elles nous disent que la démocratie peut tomber.
Par fatigue. Par illusion. Par silence.
Mais qu’elle peut aussi tenir.
Par quelques voix.
Par le refus de céder.
C’est aussi le sens de notre engagement ici, à Vichy.
Nous n’oublions rien.
Vichy n’est pas l’État français.
Mais Vichy fut le lieu de ce basculement.
Et à ce titre, elle porte un devoir de mémoire que nous assumons pleinement et sereinement.
****
Chers descendants -et à travers vous, chers 80-
Vous êtes aujourd’hui les porteurs vivants de cette mémoire.
Grâce à vous, ces 80 ne sont pas des noms sur une stèle.
Ils sont des visages. Des principes. Des phares.
Pour leur geste, pour leur courage, pour leur fidélité à la République, nous leur disons : MERCI.
Et à nous tous d’être, aujourd’hui comme hier, dignes de leur exigence.
Vive Vichy.
Vive la République.
La cérémonie du 10 juillet 2024
Il y a 84 ans, 80 parlementaires refusaient les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain dans la salle de l’Opéra de Vichy.
Aujourd’hui, élus du territoire, représentants de l’État, de l’Association des Maires de France, étaient présents pour leur rendre hommage en ce même lieu, avec les dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, et les discours en leurs mémoires.
Discours de Frédéric AGUILERA
Discours de Frédéric Aguilera, Maire de Vichy
Commémoration du vote des 80
10 juillet 2024, Opéra de Vichy
Madame la Préfète,
Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président du Conseil départemental de l’Allier,
Madame la Secrétaire adjointe de l’Association des Maires de France,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du « Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia », mon cher Joseph BLETHON
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 84 ans, dans cette salle, la République fut enterrée en un seul vote. Et seulement 80 parlementaires s’y opposèrent.
Ce vote, est la démonstration de la fragilité de nos institutions, il est la démonstration que la démocratie est le meilleur système, mais aussi le plus fragile, pour défendre nos valeurs quand les vents contraires soufflent.
Le rôle de nos institutions, la fragilité de notre état de droit, c’était le sens de la présence du Président du Conseil Constitutionnel qui devait présider notre cérémonie aujourd’hui. Mais, l’actualité politique en a décidé autrement.
Quand le sommet vacille, il faut s’assurer que les fondations sont solides. Les fondations de notre République sont tenues par les Maires. Je remercie donc l’Association des Maires d’avoir accepté de co-présider cette cérémonie. Merci à Veronique Pouzadoux, Secrétaire générale adjointe pour sa présence et à David Lisnard, Président, d’avoir validé la démarche.
Cher collègue Maires,
Je suis très honoré de vous accueillir à Vichy pour commémorer la mémoire des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain le 10 juillet 1940.
Permettez-moi de souligner le symbole que constitue votre présence à l’heure où les populistes n’ont jamais été aussi nombreux au sein de la représentation nationale.
Notre pays est dans une situation politique chaotique. Aujourd’hui, les communes sont plus que jamais des pôles de stabilité.
En tant qu’élus de proximité, nous sommes les premiers relais des libertés locales, garantes de la stabilité de notre démocratie. Notre mandat nous oblige.
En tant que sentinelles de la République, nous représentons le dernier rempart pour faire barrage au mépris et à la haine de l’autre. A l’image de Victor LE GORGEU, l’un des 80 Parlementaires. Également Maire de Brest, il fut destitué le 30 décembre 1941 pour avoir refusé de voter une motion de confiance à Pétain. Je salue son descendant présent aujourd’hui.
Même si nous sommes conscients des besoins de nos territoires, nous savons que, répondre à l’inquiétude par une politique du rejet, n’est pas la solution.
Des trois vertus inscrites dans la devise de notre République, l’usage veut que la fraternité soit citée en dernier, mais elle n’est pas la moins importante. Les Français l’ont toujours pratiquée, notamment dans les moments difficiles, les Maires en sont, eux, les chevilles ouvrières.
Ce matin, comme tous les 10 juillet, Vichy n’a pas peur de mener le combat du devoir de mémoire.
C’est un hommage à la démocratie qui nous rassemble.
Un hommage à la Patrie des Lumières et des Droits de l’Homme.
Un hommage à une République protectrice et universelle.
Un hommage à la mémoire des 80.
Regarder notre Histoire en face est un impératif pour ne pas s’égarer.
Le 10 juillet 1940, la République est enterrée et avec elle, ses institutions, au fondement de notre pacte démocratique : les lois scolaires de Jules Ferry, la loi de 1901 sur les associations, la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, …
Au-delà de la portée constitutionnelle de ce vote du 10 juillet 1940, cette date marquera à jamais le moment où la République sombra, où l’État français entama son processus de collaboration avec l’Allemagne nazie.
Alors que les pleins pouvoirs n’avaient que pour objectif de préparer une constitution, Pétain, au lendemain du vote, promulguera une suite de lois et de décrets anti-juifs : le décret-loi du 22 juillet 1940 portant sur la révision des naturalisations : 8.000 juifs deviendront apatrides ! Ou encore la loi du 3 octobre 1940 portant sur le « statut des Juifs ». Sur cette période, on comptera plus de 200 textes xénophobes, antisémites et homophobes.
N’oublions jamais que le populisme se nourrit de la haine et de la stigmatisation de l’autre.
Peut-on imaginer pire pour un État que de livrer ses propres enfants, à l’image du jeune Vichyssois Michel CRESPIN qui périt en déportation à l’âge de 6 mois au camp d’extermination d’Auschwitz ?
Le vote des 80 a constitué un des premiers actes de résistance, comme le rappela le Général de Gaulle. Certains le payèrent au prix fort. Félix Gouin, alors député des Bouches-du-Rhône, écrira, je cite : « Les 80 députés et sénateurs qui émirent ce vote savaient qu’ils payeraient leur geste du prix de leur sécurité. En fait, le plus grand nombre d’entre eux connurent la prison, la déportation, la torture ou la mort. Mais ils étaient soutenus par la conviction qu’ils défendaient des vérités éternelles et qu’ils empêchaient, dans la grande nuit qui s’étendait sur leur patrie, (…) que s’éteigne à jamais la flamme de la liberté ». (fin de citation)
Nous honorons donc aujourd’hui ces 80 parlementaires qui ont ouvert la voie de cette résistance institutionnelle et bien sûr d’autres suivront.
Nous honorons ceux qui ont pris leur responsabilité,
Nous honorons ceux qui combattent le populisme.
Plus que jamais, souhaitons que les parlementaires de 2024 s’inspirent de la mémoire des 80.
2024 est une année particulière, une année ponctuée de fiertés françaises et de célébrations à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération.
2024 est l’année de la Résistance, une année qui doit nous rendre fiers de nos valeurs, fiers de notre histoire, fiers de nos ancêtres qui ont perdu la vie pour nous libérer.
Le 26 août prochain, nous allons célébrer les 80 ans de la Libération de Vichy et honorer l’ensemble des résistants, qui ont écrit notre Histoire, à travers un nouveau Monument à la Résistance qui va être érigé place Charles-de-Gaulle.
À cette occasion, nous honorerons Georges Mandel, passager du Massilia, en dénommant un square au pied de cet Hôtel des Postes, qu’il a inauguré en 1935.
Mais, qu’est-ce que commémorer aujourd’hui ? Force est de constater que les messages ne passent plus, pourtant c’est notre Histoire qu’il faut transmettre pour ne pas commettre les mêmes erreurs.
Ce qui s’est passé ces derniers jours a démontré que le passé éclaire insuffisamment le présent. Il nous faut donc, inlassablement, rappeler l’Histoire de certains partis politiques et de certaines idéologies.
Les commémorations qui jalonnent notre calendrier doivent permettre d’exprimer notre profonde reconnaissance envers les générations précédentes et contribuent à forger une identité collective, robuste, fondée sur le respect des valeurs républicaines.
N’oublions pas que nous sommes simplement de passage, des traits d’unions qui œuvrent pour un temps donné, et que nous nous devons d’accomplir cela invariablement avec une grande humilité.
Mesdames et Messieurs,
Rendons hommage à ceux qui ont su dire « non » et regardons l’avenir avec l’espoir de ceux qui sauront dire « non » car, plus que jamais, nous savons que la République est fragile.
10 juillet 1940, au milieu des clameurs des majoritaires qui viennent d’anéantir la IIIe République, alors qu’on lui refuse l’accès à la tribune, rappelons-nous de l’exclamation de Vincent Badie, député de l’Hérault, je cite : « Vive la République quand même ! »
Aujourd’hui, nous devons être dignes de cet héritage en sachant faire Nation autour de notre République, autour de nos héros, et face aux défis qui se dressent.
Je vous remercie.
La cérémonie du 10 juillet 2023
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pleins pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy s’est tenu ce matin. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy et Joseph BLETHON, Président du Comité en l’Honneur des 80, Bruno ROJOUAN, Sénateur de l’Allier représentant Gérard LARCHER, Président du Sénat, Nicolas RAY, Député de la 3ème circonscription de l’Allier représentant Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, Pascale TRIMBACH, Préfète de l’Allier, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Discours de Frédéric AGUILERA
Discours de Frédéric Aguilera à l’occasion du 83e anniversaire du vote des 80 parlementaires qui ont refusé l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain
Vichy, le 10 juillet 2023
Madame la Préfète,
Monsieur le Député,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du «Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia», mon cher Joseph BLETHON
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Ce matin, comme tous les 10 juillet, c’est notre attachement à la République que nous célébrons en rendant hommage à la mémoire des 80 parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain.
La République française qui, aux yeux de nombreux partisans de Pétain, était une organisation politique qui avait provoqué la « décadence du pays », laissa place, dans l’article unique voté en ce 10 juillet 1940, à « l’Etat français » nouveau nom de ce régime qui restera le symbole des heures sombres et du déshonneur de notre Nation.
Par cet acte de « résistance institutionnelle », les 80 parlementaires ont montré leur loyauté à notre histoire politique et exprimé ce que le Général de Gaulle rappela en juillet 1944. Je cite : « Dans l’ordre politique, nous avons choisi. Nous avons choisi la démocratie et la République. »
Ce refus était un acte courageux : c’était, non seulement, prendre le risque de se voir rejeter de la sphère publique, voire parfois familiale, mais également d’assombrir son avenir. Beaucoup rentrèrent dans la résistance, et certains d’entre eux moururent en déportation.
Ce 10 juillet 1940, Léon Blum, alors député de l’Aude, se souvient, je cite : «J’ai vu là, pendant deux jours, des hommes s’altérer, se corrompre comme à vue d’œil, comme si on les avait plongés dans un bain toxique. Ce qui agissait, c’était la peur : la peur des bandes de Doriot dans la rue, la peur des soldats de Weygand à Clermont-Ferrand, la peur des Allemands qui étaient à Moulins. ».
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Madame La Préfète,
Depuis 6 ans, j’ai souhaité que nous abordions autrement les questions mémorielles dans notre ville. J’ai souhaité emprunter une ligne de crête complexe : refuser que notre ville soit résumée et amalgamée à 4 années d’une histoire qui la dépasse ; et, dans le même temps, assumer fortement ce devoir de transmission sur « ce passé qui ne passe pas » dans notre pays.
Je vous remercie, Madame, d’avoir compris et rapidement porté notre approche, avec diplomatie, auprès du Gouvernement.
Comme je tiens à remercier notre Député, pour son amendement récent, pour empêcher la stigmatisation de notre ville.
28 ans après, la France doit enfin totalement assumer l’héritage du discours du Président Chirac du Vel d’Hiv. Nos dirigeants nationaux doivent comprendre que nous souhaitons travailler avec eux sur cet impérieux et urgent devoir de transmission.
Car oui, le combat des 80 parlementaires est plus que jamais d’actualité. Oui notre République est fragilisée par les populistes qui alimentent le désordre dans notre société. Ce même désordre qui nourrit les populistes de l’autre rive.
Le sens de ce vote du 10 juillet 1940 sur la fragilité de notre République, le Président Chirac le rappelait régulièrement. Je cite : «Ce que nous enseignent aussi l’effondrement de la République en juin 1940, l’illusion tragique du recours à Pétain et le déshonneur de son régime, c’est à quel point une nation est fragile. Dans le confort de nos certitudes d’aujourd’hui, beaucoup ont le sentiment que la France est éternelle, que la démocratie est naturelle, que la solidarité et la fraternité peuvent se résumer au système de sécurité sociale.». Fin de citation
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À Vichy, tous les 10 juillet, nous soulignons notre attachement à nos institutions. Nous soulignons que dans les périodes troublées, la République, ses principes et ses valeurs peuvent disparaitre par un simple vote.
À Vichy, tous les 10 juillet, c’est un sursaut républicain qui nous rassemble.
La France n’est jamais autant elle-même, fidèle à son histoire, à sa destinée, à son image, que lorsqu’elle est unie autour de ses valeurs qui ont pour nom : liberté, égalité, fraternité.
Comme l’écrivaient Jean Sagne et Jean Marielle, les 80 parlementaires rappellent à chacun la fragilité de la liberté et l’honneur de la politique.
C’est aujourd’hui, à notre génération, d’assumer cet honneur.
Pour leur courage, leur lucidité, leurs valeurs humanistes et républicaines, en tant que responsables politiques, nous devons nous inspirer de ces 80 parlementaires qui furent l’Honneur de la République, à nous de leur être fidèles.
Pour conclure, je souhaite à nouveau citer Léon Blum qui dans «À l’échelle humaine», résume parfaitement les valeurs que nous célébrons aujourd’hui, je cite : «L’expérience enseigne qu’aux moments redoutables de sa vie l’homme ne la sauve qu’en la risquant.»
Mesdames, Messieurs,
Vive Vichy,
Vive la République,
Vive la France.
La cérémonie du 10 juillet 2022
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue en présence de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy et Yaël Braun-Pivet, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Discours de Frédéric AGUILERA
10 juillet 2022
Opéra de Vichy
Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale,
Madame la Préfète,
Monsieur le Député,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du « Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia», mon cher Joseph BLETHON
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Madame la Présidente,
Bienvenue à Vichy, Reine bimillénaire des villes d’eaux, dorénavant inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Je suis très honoré de votre présence à Vichy pour commémorer la mémoire des 80 parlementaires qui ont refusé de voter, dans cette salle, les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain le 10 juillet 1940.
Ces 80 parlementaires ont, par leur vote, réalisé le premier acte de « résistance institutionnelle » pour reprendre les mots du Général De Gaulle.
Madame la Présidente, En choisissant de venir à Vichy, pour votre première cérémonie officielle, vous marquez votre volonté d’honorer les femmes et les hommes dont le courage et la lucidité furent l’honneur de notre République.
Permettez-moi aussi de souligner le symbole que constitue votre présence, il y a quelques minutes, sur le Parvis Simone Veil, première Présidente du Parlement européen, vous qui incarnez dorénavant la première femme Présidente de notre assemblée nationale. Une femme dont l’histoire, celle de votre famille, se confond avec la page d’histoire sur laquelle nous sommes amenés à réfléchir aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, je vous renouvelle mes sincères remerciements.
Au-delà de la portée constitutionnelle de ce vote du 10 juillet 1940, cette date marquera à jamais le moment où la République sombra, où l’État français entama son processus de collaboration avec l’Allemagne nazie. Un processus qui ira jusqu’à l’indignité, par l’adoption des lois anti juives.
Peut-on imaginer pire pour un État que de livrer ses propres enfants, à l’image du jeune Vichyssois Michel CRESPIN qui périt en déportation à l’âge de 6 mois au camp d’extermination d’Auschwitz ?
À l’heure où des apprentis sorciers cherchent à réécrire notre histoire,
À l’heure où les extrémistes n’ont jamais été aussi nombreux au sein de la représentation nationale dont des nostalgiques du Pétainisme,
À l’heure où l’antisémitisme et le racisme progressent,
Nous avons le devoir de nous souvenir, le devoir de transmettre, le devoir d’assumer ce passé sombre de notre pays, pour éviter que le pire ne se reproduise.
C’est dans cet esprit que nous venons de décider d’un partenariat entre le Mémorial de la Shoah et la Ville de Vichy et que nous organiserons en août un cycle de conférences sous l’autorité de Serge Klarsfeld pour commémorer les 80 ans des rafles du Vel d’Hiv et du 26 août 1942 en zone libre.
Madame La Présidente,
Vous le savez, 80 ans après, la France a encore du mal à regarder cette période en face. Elle a encore du mal à accepter que ses institutions peuvent être fragiles, et, qu’entre de mauvaises mains, elles peuvent commettre le pire.
Il aura fallu attendre 50 ans et le discours du Président Jacques Chirac en 1995 pour mettre un terme à ce déni officiel. 50 années d’une réécriture historique qui voulait faire croire que la collaboration n’était pas le fait de la France, en tant que machine administrative et politique, mais d’une sorte de branche illégitime de l’État.
Dans le même esprit, comment expliquer que le Président Macron fut le premier Président de la République en 80 ans, à venir à Vichy pour une visite mémorielle ?
80 ans, pendant lesquels la ville de Vichy s’est interrogée sur cet ostracisme.
Je remercie le Président Macron d’avoir rappelé que, je cite : « Cette histoire ce n’est pas à Vichy seule de la porter, c’est l’histoire de la France. Et en effet c’est ce régime de l’État français qui a décidé de collaborer avec l’occupant.» fin de citation
Voilà, Madame la Présidente, la raison profonde de mon combat contre l’expression « Régime de Vichy ». Cette expression qui entretient la légende basée sur un postulat tronqué en vertu duquel « c’était Vichy, ce n’était pas la France ».
Cette manière d’orienter le récit historique de notre pays, et la persistance même de ce déni, constituent un vrai danger pour l’avenir.
Mesdames, Messieurs,
En commémorant aujourd’hui ces 80 parlementaires, nous rendons hommage à la démocratie, comme tous les 10 juillet.
80 parlementaires qui eurent l’audace et le courage de s’extraire de la masse.
80 parlementaires qui ont su résister à la tentation majoritaire du prétendu « sauveur ».
Pour conclure,
Écoutons les mots d’Augustin Malroux, député du Tarn et instituteur de métier dans une lettre adressée à sa fille au lendemain du vote. Je cite : « Ceci est mon testament politique. Je veux que vous sachiez qu’en des heures tragiques, votre papa n’a pas eu peur de ses responsabilités et n’a pas voulu être parjure. J’ai été élevé dans l’amour de la République, aujourd’hui on prétend la crucifier. Je ne m’associe pas à ce geste assassin, je reste un protestataire, j’espère le rester toute ma vie pour être digne de ceux qui m’ont précédé et ne pas les faire rougir. »
Augustin Malroux est mort en déportation le 10 avril 1945.
Ces 80 parlementaires furent l’honneur de la République.
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie.
Discours de la Présidente de l’Assemblée nationale (seul le prononcé fait foi)
Discours de la Présidente de l’Assemblée nationale, Mme Yaël BRAUN-PIVET, à l’occasion du 82e anniversaire du vote des 80 parlementaires qui ont refusé l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain
Vichy, dimanche 10 juillet 2022
Monsieur le maire de Vichy, cher Frédéric Aguilera,
Madame la préfète de l’Allier,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le président du Comité en l’honneur des « 80 », cher Joseph Bléthon,
Mesdames et messieurs les représentants des autorités militaires et des associations,
Mesdames et messieurs,
Que restait-il de l’esprit du Serment du jeu de Paume, ce 10 juillet 1940 ? Que restait-il de cette promesse de ne jamais se séparer, et de continuer à se rassembler partout où les circonstances l’exigeraient ?
Ce jour-là, l’Assemblée nationale fut l’artisan de sa propre chute. Et elle emporta avec elle la France toute entière.
Cette cérémonie est ma première depuis que mes pairs m’ont élue Présidente de l’Assemblée nationale. J’y tenais. J’y tenais du fait de mon histoire personnelle et de l’histoire de famille, dont j’ai eu l’occasion de parler récemment. J’y tenais car je crois profondément à la nécessité de regarder en face les zones d’ombre de notre Histoire. C’est l’un des traits qui caractérise le courage politique. Il en a déjà beaucoup été question aujourd’hui. J’y tenais car ce sont dans ces zones d’ombre que se révèle le mieux l’éclat de ceux qui ont porté une lumière.
Les « 80 », auxquels je veux à mon tour rendre hommage, à l’unisson de vous tous qui m’avez précédée, étaient de ces porteurs de lumière. Quelques-uns des premiers à avoir allumé la flamme de la résistance. Ici à Vichy, ils ont sauvé l’honneur de la Représentation nationale.
Je vous remercie donc, Monsieur le Maire de Vichy, cher Frédéric Aguilera, pour votre invitation et l’organisation de cette cérémonie si importante. Je remercie aussi le Comité en l’honneur des 80 parlementaires et son président, cher Joseph Blethon, dont le travail est inestimable. Sans oublier évidemment mes chers collègues parlementaires Nicolas Ray, député de l’Allier, le Président Claude Malhuret et Bruno Rojouan, sénateur de l’Allier.
Ce 10 juillet 1940, alors qu’il leur était demandé de donner « tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain », ces Quatre-Vingt Parlementaires ont dit non. Pour les Français. Au nom de la République. Au nom des principes que nous avons hérités de 1789 et qui constituent aujourd’hui encore notre bien commun le plus précieux.
Ceux de la Déclaration des droits de l’homme dont le préambule nous enseigne que « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements ».
Ceux de la Troisième République qui avait puisé dans les idéaux de 1789 pour transformer en profondeur notre pays et garantir la liberté de la presse ; l’enseignement gratuit, laïc et obligatoire pour les garçons comme pour les filles ; ou encore la séparation des Eglises et de l’Etat.
En quelques mots : ceux de liberté, d’égalité et de fraternité qui forment notre devise, notre socle et notre guide.
Ces principes, c’est le rôle du Parlement que de chercher à les protéger en toutes circonstances. Comme c’est le rôle des responsables politiques que de savoir dire non aux tentations populistes et simplistes d’un jour derrière lesquelles se cachent bien souvent des années de marasme.
C’est une conviction profonde chez moi, qui résonne peut-être plus fort encore aujourd’hui : en temps de crise, la seule voie d’action possible passe par l’intransigeant respect de nos institutions, de nos règles communes, de nos principes fondamentaux.
Dans notre pays, la démocratie, la République, sont toujours les solutions.
C’est en leur nom, que les 80 n’ont rien cédé. Ni à la peur, ni au désespoir, ni à la résignation.
Le 10 juillet 1940, ils sont entrés dans l’histoire. Unis.
Et pourtant ce qui les caractérise, c’est bien leur diversité.
Ces 23 sénateurs et 57 députés venaient de toute la France. Ils étaient des socialistes, d’anciens communistes, des radicaux, de gauche, de droite… Ils représentaient des aspirations et des territoires différents. Mais ils incarnaient une même ambition pour le destin du pays.
Que valent nos différences politiques quand l’avenir de la France et des Français est en jeu ? Les Quatre-Vingt ont su se retrouver autour d’une cause plus grande que leurs divergences : la sauvegarde de la Nation.
Là aussi, ils ont incarné ce que le Parlement porte en lui de plus beau : cette capacité, au nom d’une responsabilité commune qui nous dépasse, à faire primer toujours l’intérêt supérieur du pays.
Plus qu’une capacité, c’est d’ailleurs une exigence. Une exigence qui fonde mon engagement et que je porterai avec plus de force encore dans l’Assemblée nationale qui est la nôtre aujourd’hui, ainsi qu’avec nos collègues du Sénat.
Le 10 juillet 1940, les Quatre-Vingt ont voté au péril de leur vie. Avec une force d’âme qui porte un nom : le sens du devoir. Avec ces qualités qui font toute la noblesse de l’engagement politique : le courage et la lucidité.
Deux d’entre eux, François Camel et Marx Dormoy, sénateur de l’Allier, héros de ce département, seront assassinés. Dix seront envoyés en déportation. Cinq n’en reviendront jamais : il s’agit de Claude Jordery, Augustin Malroux, Joseph-Paul Rambaud, Isidore Thivrier et Léonel de Moustier. J’ai une pensée ici pour son petit-fils, Charles de Courson, républicain exemplaire aux côtés duquel j’ai l’honneur de siéger à l’Assemblée nationale depuis maintenant plus de 5 ans.
Le courage des Quatre-Vingt fait aussi écho à celui des 27 Parlementaires qui ont embarqué à bord du Massilia le 21 juin 1940, pour continuer le combat depuis Casablanca. Parmi eux, Georges Mandel, Jean Zay, Edouard Daladier, ou encore Pierre Mendès France.
Ces noms ont déjà été cités aujourd’hui. Mais je me devais de les dire à mon tour.
Car tous, ceux du 21 juin comme ceux du 10 juillet, sont l’honneur du Parlement.
Alors que la France plongerait quelques jours plus tard dans une nuit sans fin et dans la barbarie la plus odieuse, leur diversité, leur courage, annonçaient en un sens ce que serait la Résistance, où tant de femmes et d’hommes s’engagèrent au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, conscients des risques qu’ils prenaient.
Comme les 80, tous nous ont prouvé que le rassemblement n’est pas seulement indispensable quand l’essentiel est en jeu : il est possible. Oui, le sursaut républicain qui nous réunit ce jour forme avec chaque acte de résistance de cette période un tout cohérent qui doit continuer à nous inspirer.
Nous traversons une époque marquée par des instabilités majeures où le populisme attaque nos démocraties.
Nous ne pouvons pas rester impuissants devant une société qui se délite, ni face à la résurgence de la haine, du racisme et de l’antisémitisme. En janvier dernier, une étude révélait qu’un Juif sur deux avait déjà été victime d’insultes antisémites en France, et qu’un sur deux conseillait à ses enfants de taire sa religion.
Face à cela, la mémoire du 10 juillet et de tous ceux qui se sont levés pour dire non est plus précieuse que jamais.
Nous avons le devoir de nous souvenir.
Nous n’avons pas le droit d’oublier.
République, courage, et devoir de mémoire : c’est bien de tout cela que la ville de Vichy est synonyme aujourd’hui ; c’est bien au regard de tout cela que la ville de Vichy est exemplaire.
Monsieur le Maire, votre belle ville et ses habitants ne doivent jamais être confondus avec le régime qui a tâché de noir les pages de l’histoire de l’Etat français. Seule la paresse ou l’ignorance font dire à certains le contraire, et je les combattrai toujours, à vos côtés.
Mesdames et messieurs,
Nous sommes tous ici les héritiers d’une grande Histoire. Regardons-la. Transmettons-la.
Faisons-nous tous ensemble les voix de la France et de son message universel. Veillons tous ensemble à ce que notre patrie reste ce pays de liberté, d’égalité et de fraternité, cette terre des droits de l’Homme et des Lumières. Nous en avons le devoir impérieux, peut-être plus que jamais.
Ainsi que le disait Victor Hugo : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux ».
Ensemble, continuons à entretenir la flamme du 10 juillet 1940.
Vive la République, et vive la France.
La cérémonie du 10 juillet 2021
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue ce 10 juillet 2021. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera, entre autres, a pris la parole devant une assemblée restreinte composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Discours de Frédéric AGUILERA
10 juillet 2021
Opéra de Vichy
Monsieur le Préfet,
Madame la Sous-Préfète,
Madame la Députée,
Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du « Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia »,
mon cher Joseph BLÉTHON
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Le Maréchal Foch a dit que : « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. ». Ce matin, comme tous les 10 juillet, Vichy n’a pas peur de mener le combat du devoir de mémoire, aux côtés du « Comité en l’Honneur des 80 parlementaires du 10 juillet 1940 ». C’est un hommage à la démocratie qui nous rassemble. Un hommage à la mémoire des 80. 80 parlementaires qui, dans un contexte de compromission, firent le choix d’affirmer leur conviction. 80 voix, dont les mots doivent encore résonner dans ces murs.
Écoutons les propos tenus par Maurice MONTEL, député du Cantal, à Pierre LAVAL, la veille du vote : « Pour moi, Pétain est le Bazaine de 1940. En ce qui concerne le texte lui-même, c’est l’assassinat de la République. Je suis un ancien élève de l’école républicaine. Mon maître, dans son cours d’instruction civique, m’a fait aimer la République. Je ne peux pas consentir à participer à son assassinat. Je voterai contre. » 80 hommes qui eurent l’audace et le courage de s’affranchir de l’essaim, aux destinées funestes, en résistant à la tentation majoritaire et parfois aux menaces. Ici même, dans ces fauteuils, 57 députés et 23 sénateurs se sont opposés à un vote dont la conséquence directe fut la disparition de notre République. Des hommes qui furent l’honneur de la République, quand l’État français, sous l’autorité de Philippe Pétain, en fut le déshonneur et la honte !
Vichy fut le théâtre du premier acte de résistance de cette période sombre de l’Histoire, tandis qu’à Londres, le Général de Gaulle portait l’âme de la France. Le 10 juillet 1940, la République s’effondrait, cédant la place à un État français autoritaire, liberticide, antisémite, aux antipodes de nos valeurs. Un régime politique qui livra ses compatriotes -nos compatriotes- à une mort certaine parce qu’ils étaient juifs. Cette honte nationale est inscrite à jamais dans notre histoire de France. Une ignominie née au sein même des institutions de la République. Une ignominie que la France ne digère que trop lentement. Une France, un État qui, 80 ans après, est toujours engagée dans un long parcours de reconnaissance de sa responsabilité, en particulier dans la déportation des juifs.
A la libération, puis, lors de son retour au pouvoir, le Général de Gaulle se refuse à reconnaître la responsabilité de la France, dans un processus classique et normal de réconciliation nationale. Ce fut également le cas de ses successeurs : Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, et François Mitterrand. Pour eux, pendant l’occupation allemande, la seule France légitime était la France Libre.
Quarante-cinq ans après la rafle du Vel d’Hiv, en 1987, Simone Veil, alors députée européenne, participe aux commémorations avec plusieurs autres responsables politiques. Ni le président de la République, ni le Premier ministre ne sont présents. Elle affirme alors, dans son discours, que le régime de Pétain s’est rendu complice de crime contre l’humanité. Elle déclarait : « Il faut toujours rester strict sur les principes, ne pas accepter ce genre de négociations, car on se met au même rang que ceux qui commettent les pires horreurs. Aujourd’hui nous devons entendre cette leçon, c’est comme ça que nous resterons fidèles à la mémoire, fidèles au souvenir, en sachant que l’on doit refuser le mal dès qu’il se manifeste. On doit refuser toute haine entre les êtres humains, on doit refuser tout racisme, car, de fil en aiguille et de petit compromis en petit compromis, on ne sait jamais quand on arrive au pire » (fin de citation). En 1992, 50 ans après, le premier président de la République à participer aux commémorations de la Rafle du Vel d’Hiv fut François Mitterrand. L’État n’a toujours pas reconnu sa responsabilité. À l’époque, François Mitterrand estime, encore, que la République n’est pas, je cite, « comptable des actes de Vichy » !
François Mitterrand assiste, malgré tout, à ces commémorations et dépose une gerbe de fleurs, mais refuse de prendre la parole. La reconnaissance viendra trois ans plus tard. Pour la première fois, en 1995, le Président de la République Jacques Chirac reconnait la responsabilité de la France dans la déportation et l’extermination, dans un discours historique. Je cite : « Reconnaître les fautes du passé, ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. (…) Oui, la folie criminelle de l’occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l’État français ». Deux ans plus tard, en 1997, à l’occasion des commémorations du 55ème anniversaire de la rafle, le premier ministre Lionel Jospin réitère ce message. En 2012, François Hollande va encore plus loin en disant : « Le crime fut commis en France par la France ». Propos réaffirmés par le Président Macron qui déclara : « C’est bien la France qui organisa la rafle du Vel d’Hiv ». Ce processus politique d’acceptation fut long et, malheureusement, il n’est pas totalement terminé. Une acceptation longue, aussi, sur le plan juridique. Il faudra attendre février 2009 pour que le Conseil d’État, dans une décision dite « Hoffmann Glemane », énonce que la responsabilité de l’Etat Français était engagée dans la déportation ; et que l’article 3 de l’ordonnance du 9 août 1944, constatant la nullité de tous les actes de l’autorité de fait, n’a pu avoir pour effet de créer un régime d’irresponsabilité.
Si j’ai pris le temps d’expliquer ce lent processus, c’est que j’ai la conviction qu’il reste fragile mais également inachevé. Fragile, car les populistes, en particulier d’extrême-droite, contestent toujours cette responsabilité. Et, dans un contexte démocratique où ils progressent, nous devons demeurer extrêmement vigilants. Inachevé, car j’ai la conviction que ceux qui refusent de nommer clairement «État Français » cette page de notre histoire, empêchent d’ancrer définitivement notre responsabilité. Un ancrage pourtant indispensable pour le devoir de mémoire, indispensable pour éviter de reproduire nos erreurs. Voilà le sens profond de mon combat contre l’utilisation de l’expression « Régime de Vichy ». Car oui, derrière cette expression, il y a bien cette idée de « C’était Vichy, donc ce n’était pas la France ». Voilà pourquoi je souhaite que, dans un avenir proche, un Président de la République, accepte notre invitation, dans le cadre d’une visite mémorielle, pour poursuivre ce processus de reconnaissance de la responsabilité de l’Etat.
Les « 80 » furent l’Honneur de la République, à nous de leur être fidèles. Fidèles à l’esprit de résistance de ces parlementaires, acceptons enfin de regarder le passé en face, de sortir du déni et d’assumer nos responsabilités.
Je vous remercie.
La cérémonie du 10 juillet 2020
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue en présence de Gérard Larcher, président du Sénat. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera et Gérard Larcher, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée restreinte composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Vendredi 10 juillet, la cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est déroulée en présence de Gérard Larcher, président du Sénat. Des dépôts de gerbes ont été effectués sur le parvis du Palais des Congrès-Opéra par Frédéric Aguilera (maire de Vichy), Joseph Blethon (président du Comité en l’honneur des 80 et au nom des passagers du Massilia), Claude Riboulet (président du Conseil départemental de l’Allier), Charlotte Benoit (conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes), Claude Malhuret et Gérard Deriot (sénateurs de l’Allier), Bénédicte Peyrol (députée de la troisième circonscription de l’Allier), Sylvaine Astic (Sous-préfet de l’Allier) et Gérard Larcher (président du Sénat). A la suite de cette cérémonie, des discours ont été prononcés sur la scène de l’Opéra de Vichy, face à un public constitué notamment des descendants des 80 parlementaires. Ce sont exprimés Frédéric Aguilera, Joseph Blethon, Antoine Moulai (élève à Science Politique Paris et plus jeune membre du comité des 80), Sylvaine Astic et Gérard Larcher.
Discours de Frédéric AGUILERA
10 juillet 2020
Opéra de Vichy
Monsieur le Président du Sénat,
Messieurs les Ministres,
Madame la sous-Préfète,
Madame la Députée,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du Comité en l’honneur des 80 parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations culturelles et patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré de vous accueillir ce matin dans cette salle magnifique de l’Opéra de Vichy pour célébrer avec vous le premier acte de résistance parlementaire, qui fût porté ici même par 80 élus de la République le 10 juillet 1940.
Je veux, avant toute chose, avoir une pensée particulière pour Christophe Pommeray, conseiller municipal de Vichy et Secrétaire général du Comité en l’honneur des 80, qui nous a quittés l’an dernier. Christophe Pommeray était un ardent défenseur de Vichy ainsi qu’un infatigable avocat de la mémoire des 80. Cette cérémonie a pris une vraie ampleur avec le temps et, il y est pour beaucoup, tout comme vous mon cher Joseph.
Cette ampleur, nous la mesurons à l’attachement porté par les deux chambres parlementaires, à cette cérémonie. L’an passé, nous avions accueilli Richard Ferrand, Président de l’Assemblée Nationale. Cette année, c’est au tour de Gérard Larcher, Président du Sénat d’être parmi nous. Je suis heureux de constater le niveau de solennité que conserve cette cérémonie année après année.
Bienvenue donc à vous, Monsieur le Président. Merci pour votre présence qui honore la mémoire des 80.
Votre présence honore aussi la Ville de Vichy et ses habitants. Nous savons compter en vous un ami fidèle et bienveillant. Vous êtes venu à plusieurs reprises et, si vous persistez à fréquenter Vichy, c’est sans doute parce que vous percevez tout à la fois la douceur de vivre et le dynamisme de notre belle cité.
En vous accueillant cette année, je me remémore en particulier votre visite de l’an dernier, à l’occasion de l’exposition « Il était une fois la Reine des Villes d’eaux ». Une grande exposition qui a attiré 30 000 visiteurs curieux de découvrir l’histoire bimillénaire de Vichy. 2000 ans d’une histoire riche, prestigieuse et parfois complexe.
Raconter toute l’histoire de Vichy, c’est mettre en avant son âge d’or mais c’est aussi assumer la présence encombrante et non souhaitée du gouvernement de la France entre 1940 et 1944.
Et c’est ce que nous avons fait.
C’est aussi ce que nous continuons à faire chaque année, le 10 juillet, à travers cette cérémonie destinée à rendre hommage aux 80 élus qui, contre les postures politiciennes, contre les lâchetés, ont pris le risque de tout perdre.
Ces hommes furent des résistants.
Ils furent ce qu’il restait d’honneur à la République française, quand leurs collègues foulaient au pied tous ses principes, en même temps que ses institutions.
Le 10 juillet 1940, la République sombra et l’Etat français entama son processus de collaboration avec l’Allemagne nazie. Un processus qui irait jusqu’à l’indignité par l’adoption dès 1940 de lois anti-juives.
Peut-on imaginer pire crime, pour un Etat, que celui qui consiste à livrer ses propres enfants à l’ennemi et à la mort en raison de leur religion ?
C’est une honte nationale inscrite à jamais dans notre histoire de France. Une honte née au cœur même de l’appareil d’Etat.
Il aura fallu attendre le 16 juillet 1995, soit plus d’un demi-siècle, pour que les plus hautes autorités françaises reconnaissent officiellement la responsabilité pleine et entière de l’Etat.
C’est Jacques Chirac qui, le premier, dira haut et fort ce qu’aucun président n’avait osé dire avant lui. Je cite : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».
Ces propos mettaient un terme à 50 ans de déni officiel, 50 années d’une réécriture historique qui voulait faire croire que la collaboration n’était pas le fait de la France, en tant que machine administrative et politique, mais d’une sorte de branche illégitime de l’Etat, désormais abattue.
Une légende basée sur un postulat tronqué en vertu duquel « c’était Vichy, ce n’était pas la France ».
Aux Vichyssois d’en assumer le fardeau. A Vichy d’incarner cette période !
De Gaulle, qui avait perçu ce risque d’enfermement pour notre ville, rappelait, je cite : « Vichy, qui n’eut point à choisir de 40 à 44 son destin, ne saurait accepter d’être associée à la déchéance du gouvernement qui lui fut alors arbitrairement imposé ».
Pourtant, il était plus commode pour tout le monde d’isoler cette période sombre de notre histoire, y compris sur le plan géographique, en la réduisant à une ville.
Et puis, que pèsent 25 000 Vichyssois présumés coupables, face à 60 millions de Français exonérés d’office ? Vichy, est la victime expiatoire parfaite.
Si l’intervention de Jacques Chirac eut le mérite d’en finir officiellement avec le déni, elle n’eût aucun effet sur les mentalités.
Dans les manuels d’histoire, dans les médias, dans la bouche des politiques et même dans les discours de l’actuel Président de la République, Vichy reste associé à la honte française. Vichy est la honte française.
Au fond, ce ne serait pas très grave si cela n’impactait que notre ville. Nous saurions nous en débrouiller et trouver les ressources nécessaires pour « vivre avec ».
Mais cette manière d’orienter le récit historique de notre pays et la persistance même de ce déni pernicieux, constituent un vrai danger pour l’avenir.
Vivre dans le déni, c’est entretenir les braises des anciens feux.
Vivre dans le déni, c’est garder la porte ouverte à la résurgence des vieux démons.
Cela ne peut plus continuer.
L’histoire de France – comme celle de tous les pays du monde – est aussi faite de périodes complexes dont les comptes n’ont pas encore été soldés, l’actualité récente nous l’a rappelé.
80 ans après, il faut solder les comptes et engager un vrai travail de mémoire.
A Vichy, nous avons subi et non suscité l’installation du gouvernement de la France. Et pourtant, nous n’avons pas attendu pour prendre notre part à ce travail de mémoire.
Nous l’avons entamé depuis longtemps à travers cette cérémonie d’hommage aux 80.
Nous l’avons complété en consacrant une place à Michel Crespin, plus jeune Vichyssois déporté, mort à Auschwitz en 1944, à l’âge de 5 mois.
Nous l’avons poursuivi en donnant au parvis du Grand Casino – Opéra le nom, ô combien symbolique, de cette grande dame de notre siècle que fût Simone Veil.
Nous l’avons développée aussi en renommant « Allée des Justes parmi les Nations » la promenade qui longe l’Allier et le Pavillon Sévigné, où logeait Philippe Pétain sans savoir que, dans le même bâtiment, des Vichyssois cachaient des Juifs.
Mais ce n’est pas suffisant et ce travail mémoriel, nous allons l’amplifier, l’accélérer dans les années à venir. Nous allons encourager et soutenir la recherche sur le rôle de l’Etat Français entre 40 et 44.
Cet engagement de la Ville de Vichy au service de la vérité est sans réserve. C’est un engagement fort, à la hauteur des enjeux.
Mais cet engagement a une limite. Car nous refusons d’incarner seuls, une fois encore, le travail de mémoire pour le compte de la nation.
Nous avons plus que jamais besoin du soutien de l’État.
Nous avons besoin que les plus hautes autorités de notre pays s’emparent de ce sujet, s’investissent et nous accompagnent.
Je lance donc aujourd’hui un appel solennel à l’État, à travers ses représentants ici présents, mais aussi à travers les relais que sont les parlementaires et d’abord vous Monsieur le Président du Sénat.
Je vous demande de nous aider à faire comprendre à l’Etat qu’il doit enfin se mettre à la hauteur de ces 80 courageux parlementaires qui en 1940 refusèrent d’accorder les pleins pouvoirs constituant à Philippe Pétain et agirent pour le salut de la France.
Aidez-nous à mener à bien ce travail de réconciliation et de concorde nationale en y impliquant l’Etat.
Nous sommes en 2020, 80 ans après. L’avenir de notre nation et des générations futures nous oblige à faire preuve d’audace pour avancer collectivement afin de briser les tabous et d’abattre tous les dénis !
La France peut compter sur Vichy.
Vichy aimerait pouvoir compter sur la France.
Je vous remercie.
Discours du Président du Sénat, M. Gérard LARCHER
Discours du Président du Sénat, M. Gérard LARCHER,
à l’occasion du 80e anniversaire du vote des 80 parlementaires
qui ont refusé l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain
Vichy, vendredi 10 juillet 2020
Monsieur le Maire (Frédéric Aguilera),
Madame la Sous-préfète (Sylvaine Astic),
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,
Monsieur le Président du Comité des 80 (Joseph Bléthon),
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Il y a dix ans j’assistais à cette cérémonie qui m’avait marqué. Je tiens à saluer tout particulièrement mes collègues sénateurs, Claude Malhuret, Président du groupe Les Indépendants-République et Territoires et Gérard Dériot, membre éminent de la commission des Affaires sociales après avoir été un questeur engagé pour l’évolution du Sénat. Je voudrais dire combien ils représentent admirablement le département de l’Allier dans notre assemblée.
Je me réjouis d’être à Vichy, dont je salue le maire et les élus. Cette ville a su trouver un nouvel élan et démontrer que son nom ne pouvait être durablement associé à un régime qui a noirci les pages de notre Histoire. Ce serait trop injuste. Vos propos sur le déni et le travail de mémoire sont forts, au service de la vérité et de la réconciliation nationale. Je porterai votre demande.
Les Vichyssoises et les Vichyssois ne doivent pas porter sur leurs épaules la trahison d’un État ayant renié les valeurs de la République !
Pour moi, Vichy ce sont aussi des souvenirs souriants d’enfance avec ma maman curiste.
Vichy, la thermale (la reine)
Vichy, la sportive et demain terre de jeux, nous le souhaitons.
Vichy, ce matin, est synonyme de liberté !
La liberté, c’est ce que défendirent, ici même, voici 80 ans, jour pour jour, 23 sénateurs et 57 députés qui refusèrent de donner les pleins pouvoirs à Philippe Pétain qui mettaient fin à la République. Ils eurent, eux-aussi, trois semaines après le Général de Gaulle, le courage de dire « NON ». Selon ses propres mots, ceux du général, ils devinrent « les premiers résistants ».
Lors de cette séance présidée par Jules Jeanneney, alors Président du Sénat, quelques sénateurs autour de Joseph Paul-Boncour, sénateur du Loir-et-Cher, tentèrent de se faire entendre et d’opposer une résistance à ce funeste projet. (En vain !)
Tous les parlementaires n’étaient pas présents ce 10 juillet. Parmi les absents, certains avaient été déchus de leur mandat, 6 étaient morts au combat et 27 se trouvaient à bord du Massilia pour continuer la lutte en Afrique du Nord.
Ces hommes figuraient parmi les opposants les plus déterminés à la ligne défendue par Pierre Laval. Parmi eux, il y avait Georges Mandel, Pierre Mendès-France, Jean Zay et le sénateur de l’Ain, Michel Tony-Révillon, qui devint membre de la Haute Cour de Justice qui jugea Philippe Pétain à la Libération.
80 ans plus tard, le vote du 10 juillet 1940 ne doit pas simplement être considéré comme l’aboutissement funeste d’une des plus grandes crises de notre Histoire et l’effondrement de notre Nation, mais aussi comme l’amorce d’une renaissance, d’un autre message porteur de « la flamme de la Résistance française ». Ce sont les mots de l’Appel du 18 juin.
Le vrai renouveau, ce sont les Quatre-vingts qui l’ont porté. Ils ne se sont pas contentés de sauver l’honneur de la République, ils ont donné un souffle à l’idéal républicain et à la Résistance en disant « Non » à la fatalité et « Non » à la liberté.
Les 80 bulletins déposés ce jour-là dans l’urne sont bien plus que 80 bulletins « Contre » : ce sont en fait des bulletins « Pour », pour une France de la démocratie, pour une France qui refuse l’humiliation.
L’explication de vote du sénateur de la Lozère Pierre de Chambrun est limpide (je cite) « Pourquoi jeter les armes de la liberté ? »
Ce défi à l’adversité, les Quatre-vingts en payèrent le prix fort. Nombre d’entre eux connut la prison, la déportation, la torture ou la mort. Mais ils étaient soutenus par la conviction qu’ils défendaient des valeurs éternelles fondées sur la liberté et la fraternité.
Trois d’entre eux furent assassinés dont Marx Dormoy, sénateur de l’Allier. Il est l’honneur de ce département, il est l’honneur du Sénat tout entier ! Son nom figure en haut du grand escalier du Palais du Luxembourg. En raison de son opposition au nouveau régime, il sera suspendu de ses fonctions de maire de Montluçon. Devant les élus du conseil municipal, il déclare alors : « Je quitte cet hôtel de ville la tête haute, je ne veux penser qu’à la France meurtrie, j’ai la foi en la délivrance de mon pays, j’y aspire de toute mon âme. »
Parmi ceux qui votèrent aussi ce jour-là les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, des hommes furent capables de se ressaisir et, dans les années qui suivirent, de prendre les armes contre l’occupant. Parmi eux, Paul Laffont, sénateur de l’Ariège qui tombera sous les balles de la milice.
Je voudrais rendre un hommage particulier à Jean Odin, sénateur de la Gironde, qui, dès le 10 juillet 1940, a continué le combat et conçu l’idée d’un groupe clandestin de parlementaires protestataires. C’est lui qui s’appliquera pendant des mois à nouer des contacts avec ses collègues soumis à la surveillance policière. Lui-même sera arrêté et détenu au début de 1941.
Début décembre 1943, Jean Odin rédige un « Appel des Quatre-vingts » au comité de la France Libre au nom de ses compagnons.
Il écrit : « Les parlementaires qui dirent «Non» à l’armistice et «Non» à l’agression contre la République, n’ont jamais abdiqué la souveraineté populaire. Ils se mettent à la disposition de la Résistance française pour coordonner avec elle leurs forces pour l’organisation de la Victoire et accompagner la libération du territoire. »
42 des Quatre-vingts adhèrent à divers mouvements de résistance intérieure ou à des mouvements appartenant à la France Libre. Et le 11 octobre 1944, ces « premiers résistants » sont chargés de désigner les parlementaires qui siègeront dans la nouvelle assemblée, garante des libertés retrouvées.
Une médaille a été frappée à la mémoire des Quatre-vingts en 1945.
L’exemplaire, précieusement conservé aux Archives du Sénat, porte l’inscription suivante, rédigée par Marcel Plaisant, sénateur du Cher, lui-même l’un des Quatre-vingts :
« Le 10 juillet 1940, quatre-vingts républicains par leur vote contre la dictature affirmèrent leur volonté de résistance leur amour de la liberté et leur foi dans la patrie invaincue. »
Aujourd’hui nous honorons ceux qui ont su défendre envers et contre tout la République.
Du courage il en fallait pour voter « NON » le 10 juillet 1940.
Ces élus de la République sont des exemples.
Souvenons-nous de notre fragilité, souvenons-nous qu’en quelques heures, la République peut sombrer et la démocratie peut être emportée. Souvenons-nous que dans les temps de crise, y compris celle que nous venons de vivre, la tentation d’abdiquer d’une part de nos libertés est parfois grande et ces débats, nous les avons eus, bien sûr sans la même intensité dramatique, il y a quelques semaines… Et le Sénat a été et est vigilant.
C’est là l’un des enseignements politiques du 10 juillet 1940 : faute d’un pouvoir démocratique stable, y compris dans la crise, c’est une dictature qui peut finir par s’installer.
L’équilibre trouvé sous la Cinquième République est précieux. La souplesse et la solidité de nos institutions vont de pair. C’est le souvenir de l’Assemblée du 10 juillet 1940 et du gouvernement à Bordeaux qui hante le Général de Gaulle quand il bâtit, avec la Cinquième République, un système institutionnel efficace et harmonieux. Il déclare à Bayeux en 1946 : « Comment a fini la IIIe République ? L’édifice grandiose s’est écroulé dans le malheur et dans le sang. Il suffit d’évoquer cela pour comprendre à quel point il est nécessaire que nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence politique ».
Quand les institutions sont faibles, quand elles étranglent la volonté politique, d’autant plus quand la menace gronde, quand elles ne permettent pas d’agir, alors c’est toute la République qui peut s’écrouler.
La Constitution de la Ve République (Article 34) donne au législateur la mission de garantir les libertés publiques, c’est ce à quoi s’est attaché le Sénat au cours de son Histoire !
La défense des libertés publiques et l’attention portée aux collectivités territoriales constituent les deux principaux marqueurs politiques de cette institution, et ce dès 1881, lors des discussions de la loi portant abrogation de toutes les lois restrictives de la liberté de la presse.
Par le biais de propositions de lois, d’amendements, de commissions d’enquête et de missions d’information, le Sénat a toujours veillé à ce que des garanties fondamentales soient accordées aux citoyens pour l’exercice de leurs libertés publiques.
Le bicamérisme est un gage de démocratie et de respect des libertés. Tel était d’ailleurs son principal avantage aux yeux des grands penseurs qui ont conçu nos institutions : éviter la tyrannie de la majorité, obliger la loi à prendre en considération la diversité des points de vue, mieux faire valoir l’intérêt général. Ce que je réaffirmais en accueillant le nouveau Premier ministre, mercredi dernier : « le bicamérisme est une chance pour la démocratie et l’équilibre de nos institutions. Dans une période marquée par la succession de crises et de tensions, la démocratie représentative est le visage de la démocratie vivante. »
Être aujourd’hui fidèle à la mémoire des Quatre-vingts, c’est défendre la liberté, c’est défendre cet intérêt général, c’est ne pas avoir peur de l’avenir sans pour autant trahir ce qui fait notre passé, avec ses ombres et ses lumières, et notre identité. À Londres, le Général de Gaulle déclarait : « Soyons fermes, purs et fidèles, au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont jamais cédé ». C’était en 1943.
80 ans après, soyons plus que jamais fidèles aux « 80 » qui n’ont jamais cédé !
Vive la République !
Gérard Larcher
France 3 Auvergne – Vichy rend hommage aux 80 parlementaires qui ont dit “non” à Pétain.
La cérémonie du 10 juillet 2019
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue ce 10 juillet 2019 en présence de Richard Ferrand. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera et Richard Ferrand, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée restreinte composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Discours de Frédéric AGUILERA
10 juillet 2019
Opéra de Vichy
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Madame la Préfète,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Député, Rapporteur général de la commission des Finances,
Madame la Députée,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,
Monsieur le Président du Comité en l’honneur des 80 parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations culturelles, historiques, militaires et patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Bienvenue, sur cette scène de l’Opéra de Vichy, pour la deuxième année consécutive, pour commémorer le vote des 80 parlementaires. Cette magnifique salle symbolise le mariage des excellences vichyssoises : une culture vivante, ouverte sur le monde, aussi bien qu’un patrimoine unique, celui d’une ville qui prétend, avec ses 2000 ans d’histoire, à son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, je suis particulièrement honoré de vous accueillir. Votre présence est un acte fort en hommage aux 80 parlementaires.
Elle rappelle aussi la portée nationale de leur geste. Présence qui restera gravée sur la plaque commémorative que nous venons de dévoiler. Avec cette plaque, l’identité des 80 se trouve inscrite dans la durée, livrée en exemple au regard des Vichyssois, des touristes curieux, des Français fiers de leur histoire et confiants dans l’avenir, si l’on sait se souvenir. Symbole aussi, car cette plaque est présente sur le parvis que le Conseil municipal vient, à l’unanimité, de dénommer Parvis Simone-Veil. Décision hautement symbolique que nous concrétiserons en septembre à l’occasion d’une cérémonie. Faire figurer côte à côte Simone Veil, victime avec sa famille de la barbarie du nazisme, et les 80 qui se dressèrent en 1940 pour sauver la République, c’est affirmer la victoire de la démocratie sur toutes les dictatures.
C’est cet hommage rendu à la démocratie qui nous rassemble ce matin, comme tous les 10 juillet, pour saluer comme il se doit le geste de ces élus qui, en votant « non » au projet de loi présenté par Pierre Laval, refusèrent d’accorder « les pleins pouvoirs constituants » à Philippe Pétain.
80 parlementaires qui, dans un contexte de compromission, firent le choix d’affirmer leur conviction.
80 parlementaires qui rejetèrent l’idéologie réactionnaire inscrite dans l’ADN de ce Gouvernement.
80 parlementaires qui eurent l’audace et le courage de s’extraire de la masse. « tu veux avoir la vie facile ? », disait Nietzsche, « Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui ». La valeur exemplaire de ces hommes, c’est d’avoir su résister à la tentation majoritaire du prétendu « sauveur », entre les mains duquel il était commode d’abandonner ses propres responsabilités. Ces 80 parlementaires sont à compter au nombre des premiers résistants français. Tandis qu’à Londres, le Général de Gaulle portait la voix de la Résistance extérieure, ils ont montré qu’à Vichy – en France occupée – des Français, au sein même des institutions de la République, continuaient le combat.
Ces hommes furent l’honneur de notre République, quand le Régime de l’Etat français, sous la férule de Philippe Pétain, en fût le déshonneur et la honte. Un régime qui impulsa la loi du 3 octobre 1940 « portant statut des Juifs ». Un régime politique qui livra ses compatriotes – nos compatriotes – à l’ennemi et à la mort systématique en raison de leur religion. Cette marque d’infamie est gravée au coeur de notre histoire de France. C’est un cauchemar collectif dont la République portera encore longtemps les stigmates.
Vichy aussi porte les stigmates de cette histoire qui ne passe pas. Vichy, choisie par les autorités françaises après un long périple qui les mena de Tours à Clermont-Ferrand en passant par Bordeaux. Nous connaissons tous ici les raisons techniques qui présidèrent au choix de Vichy. Des raisons liées à la renommée de la station thermale, « Reine des Villes d’eaux ». Au sens propre du terme, Vichy fût victime de son succès. Vous l’avez compris : Vichy n’a rien demandé. Vichy a subi. Vichy a souffert. À Vichy, il y eut des collaborateurs, et à Vichy, il y eut des résistants.
À Vichy, il y eut des Justes parmi les nations, et à Vichy, il y eut des déportés. À Vichy, comme dans toutes les villes de France, il a fallu s’adapter au contexte d’une brusque défaite militaire. Mais à Vichy, plus que dans toute autre ville de France, nous supportons, 79 ans après, la stigmatisation, l’amalgame et le poids pesant de toute la honte française. Une population d’autant plus injustement pointée du doigt que son histoire s’est construite à travers l’ouverture sur le monde, la curiosité et la bienveillance à l’égard des étrangers, à l’image de son patrimoine architectural.
En réalité, Vichy est victime d’un mal récurrent qui touche toute notre Nation : le déni français. Ce déni français, c’est notre réticence collective à regarder notre passé droit dans les yeux. Notre refus d’assumer les pages les plus sombres de notre roman national. Notre incapacité à nommer la réalité. Ce déni français s’exprime à travers la confusion verbale systématique entre le nom de notre Ville et le régime politique de l’Etat français. Il est tellement plus facile d’enfermer le point noir de l’Etat français dans le mot « Vichy » que de faire notre examen de conscience national. Plutôt que d’admettre une réalité : les actions menées par Pétain furent menées par le gouvernement de France, au nom de la France. Robert LIRIS, un enseignant qui prône l’analyse de l’histoire à l’aune de la psychologie, résume ainsi cette situation : « Vichy, c’est court, ça claque, et ça évite la compromission nationale. C’est un raccourci utile ! ».
De son côté, l’historien Henry ROUSSO, parle d’un syndrome, et même d’une névrose. D’un syndrome et d’une névrose de dimension nationale. Un Président de la République a eu le courage de s’emparer de cette question du déni Français, c’est Jacques CHIRAC qui, en 1995, reconnut officiellement la responsabilité de la France dans la déportation de milliers de Juifs. Pourtant, plus de 20 ans après, rien n’a changé. Vichy est toujours la victime de cette Occupation qu’elle n’a pas voulue, qu’elle n’a pas soutenue. Victime de cette névrose nationale. Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, je forme le voeu que la France entende la blessure profonde des Vichyssois.
Mais, bien plus grave à mes yeux que la seule situation des 25 000 Vichyssois, l’usage répété de l’expression « Régime de Vichy » empêche de faire oeuvre de mémoire et de pédagogie, et laisse croire que la République Française ne peut pas être concernée par une dérive totalitaire, validée par sa représentation démocratique. Pourtant, dans cette période où les populismes progressent, il serait plus que salutaire de se souvenir et d’assumer collectivement cette dérive. C’est aussi le sens de la commémoration de ce matin. Vichy regarde son passé en face. La France doit aussi regarder le sien et sortir de ce déni.
Comme l’écrivaient Jean Sagne et Jean Marielle, les 80 parlementaires rappellent à chacun la fragilité de la liberté et l’honneur de la politique. C’est aujourd’hui, à notre génération, d’assumer cet honneur.
Je vous remercie.
La cérémonie du 10 juillet 2018
La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy, s’est tenue ce 10 juillet 2018 . Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera, entre autres, a pris la parole devant une assemblée restreinte composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.
Discours de Frédéric AGUILERA
10 juillet 2018
Opéra de Vichy
Madame le Sous-Préfet,
Madame la Vice-Présidente,
Madame la Députée,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président du Comité en l’honneur des 80 parlementaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations judiciaires, administratives, militaires et religieuses,
Mesdames et Messieurs,
C’est empreint d’une certaine solennité, de gravité même, que j’ai l’honneur de vous accueillir ce matin pour honorer la mémoire des 80 parlementaires français qui, le 10 juillet 1940, votèrent « Non » au projet de loi constitutionnelle présenté par Pierre Laval et refusèrent par là-même d’accorder « les pleins pouvoirs » au Maréchal Pétain.
Une solennité renforcée par notre présence sur le lieu même où se déroula cet évènement historique, dans cette salle de l’Opéra de Vichy qui a l’habitude de penser l’âme humaine à travers sa représentation imaginaire mais qui, ce jour-là, fût le théâtre d’une tragédie hélas bien réelle.
En organisant pour la première fois cet hommage dans cette salle de l’Opéra, transformée, ce funeste mercredi de juillet 1940, en Assemblée nationale, je voulais offrir à la mémoire de ces « premiers résistants institutionnels » que furent les 80 parlementaires un écrin digne de leur bravoure.
80 parlementaires qui se dressèrent contre 569 de leurs collègues, lesquels se laissèrent porter par le vent dominant, happer par la panique. 569 élus qui abdiquèrent la République à la déraison d’un régime d’exception.
En revanche, par leur refus de voter les pleins pouvoirs « constituant » au Maréchal Pétain, les 80 Parlementaires refusèrent d’entraîner la France dans la tourmente.
Ils rejetèrent le déshonneur d’un vote qui devait ternir durablement notre histoire nationale.
Ils s’efforcèrent d’écarter l’instauration d’un régime dont les choix politiques désastreux devaient broyer des vies en balayant nos valeurs communes.
Selon la formule consacrée, s’ils « étaient trop peu pour sauver la République, ils furent suffisamment nombreux pour sauver l’honneur de la France. »
Le climat de ce 10 juillet 1940 était délétère, les pressions multiples.
Léon Blum l’expliquera quatre ans plus tard en évoquant « l’hébétude, la résignation, la peur des bandes de Doriot dans les rues, la peur des soldats de Weygand à Clermont, la peur des Allemands à Moulins ».
Le vote des 80 fût motivé par des motifs variés :
Le refus de l’autocratisme, pour les uns
La défense de la République et de ses libertés, pour les autres
La haine ancestrale de l’Allemagne parfois aussi
Ou encore des stratégies politiques diverses…
Pourtant, c’est bien d’une volonté transpartisane qu’est venu ce vote. Dans un climat en proie à l’instabilité, où l’incertitude régnait, nombre d’entre eux furent habités par une force politique, au sens noble du terme, qui fait trop souvent défaut. Ils ont transformé ce vote en acte de résistance.
S’il n’est pas possible de raconter en détail aujourd’hui les vies de ces 80 héros de la République, il faut toutefois se souvenir du fait que nombre d’entre eux payèrent cher leur engagement : parmi les 80, 22 furent incarcérés, 10 déportés et 5 ne revinrent pas.
J’aurais pu ce matin citer leurs noms. Mais, à la place, j’ai choisi de faire un geste fort qui, je crois, nous permettra d’honorer leur acte comme il se doit.
Ainsi, répondant favorablement à une demande formulée par plusieurs d’entre vous, j’ai demandé aux services techniques de la Ville d’inscrire les noms de chacun de ces 80 parlementaires sur autant de balustres de la terrasse de l’Opéra.
Le souvenir de ces hommes, célèbres ou moins connus, de droite comme de gauche, venus de toutes les régions de France, sera ainsi gravé pour l’histoire et les générations futures.
A travers ce geste, la Ville de Vichy réaffirme son attachement à un acte héroïque commis sur son sol.
Mais, pour autant, je me refuse à réduire l’histoire de Vichy à une petite partie de son histoire, quand bien même son écho médiatique résonne encore aujourd’hui.
Je refuse la métonymie détestable qui a servi autrefois d’exutoire, et qui fait peser sur notre ville une responsabilité d’envergure nationale.
On ne le répètera jamais assez : personne à Vichy n’a invité le Maréchal Pétain et son régime. Celui-ci a imposé sa présence pour des raisons techniques, et non idéologiques. Les Vichyssois n’ont pas choisi, ils ont subi, et ils ont même subi deux fois :
Une première fois en 1940, ayant été expulsé de leurs maisons, de leurs hôtels, en étant forcés de côtoyer au quotidien des fonctionnaires plus ou moins zélés, rencontrant au jour le jour les membres d’un Gouvernement parfois fallacieux, souvent fantoche.
Une deuxième fois en subissant l’image d’un passé qui ne passe pas, image qui nuit à notre ville et qui irrite encore nombre de nos concitoyens.
Il est d’ailleurs regrettable de constater combien une certaine presse nationale ne sait voir Vichy qu’à travers le prisme de l’Etat Français. Un point de vue qui colporte, à chaque fois, en filigrane, le discours insidieux d’une prétendue névrose locale. C’est pourtant cette obsession pour « Vichy, Ville d’occupation » qu’il faudrait étudier !
Mais il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre et nous ne parviendrons pas à convaincre ceux qui ne le veulent pas du fait que Vichy c’est d’abord la Reine des Villes d’eaux, la capitale du thermalisme et du bien-être, la ville aussi qui très tôt fit du sport un moteur de son développement : bref, bien plus que ces 4 années d’occupation par le gouvernement national.
Alors, oui, je suis favorable à l’émergence d’un grand centre d’étude – version moderne d’un musée – de l’histoire de Vichy dans lequel toutes les périodes sans exception seraient évoquées : époque romaine, Napoléon III, belle époque, années folles, 2nde guerre mais aussi 1ère guerre mondiale, quand Vichy fût transformé en hôpital militaire, ses hôtels réquisitionnés pour la cause nationale. Entre 1914 et 1918, plus de soixante hôtels vichyssois devinrent des hôpitaux provisoires, plusieurs milliers de lits mis à disposition des blessés de nos armées. En 2018, année du centenaire de l’armistice, soyons fiers de cette contribution active des Vichyssois à l’histoire de notre nation.
En ce jour de commémoration de 80 héros français, je veux aussi saluer la mémoire d’une grande personnalité française liée presque directement à l’histoire des 80, et qui nous a quittés voici un an. Je veux parler de Simone VEIL. Figure politique mais surtout passeur de mémoire, qui eut à souffrir dans sa chair des décisions du régime de l’Etat français, déportée, agressée, et que la patrie reconnaissante vient d’honorer en lui faisant une place, il y a quelques jours, au Panthéon.
Comme elle, les 80 parlementaires avaient cette « part secrète et inaliénable qu’on appelle la dignité ». Ils n’ont pas cédé parce qu’ils savaient ce qu’était la France, et voulaient conserver l’idée de ce qu’était la République (pour paraphraser l’hommage rendu par le Président Macron à Simone VEIL).
Sachons être les héritiers de leur action, faite de courage et de lucidité. Montrons-nous dignes de leur bravoure, au jour le jour dans nos activités électives, professionnelles ou associatives mais aussi dans nos vies quotidiennes. N’oublions pas que c’est par l’exemple, d’abord, que nous transmettrons leur message aux jeunes générations.
Je vous remercie.
Inauguration du Monument de la Résistance & 80 ans de la Libération de Vichy – 26 août 2024
Pour revenir sur cette page de notre Histoire et en hommage aux libérateurs de Vichy, a eu lieu le26 août 2024 un défilé militaire et civil sur le parcours historique du 26 août 1944, en présence des associations patriotiques de la région, et de nombreux véhicules anciens. Dans ce cadre, le Maire de Vichy a tenu un discours et a inauguré le monument à la résistance, place Charles-de-Gaulle.
Discours de Frédéric AGUILERA
26 août 2024
Place Charles-de-Gaulle
Madame la Préfète,
Monsieur le Député,
Monsieur le Sénateur,
Madame la Conseillère régionale représentant la Présidente par intérim de la région Auvergne-Rhône-Alpes,
Madame la Conseillère départementale représentant le Président du Conseil départemental de l’Allier,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Consule générale de Suisse à Lyon,
Monsieur le Président de la Fondation de la Résistance,
Monsieur le Président de la Société des Amis de Georges Clemenceau et de Georges Mandel,
Monsieur Richard Heil,
Madame et Monsieur François,
Mesdames et Messieurs représentant des associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les portes drapeaux,
Monsieur Lucien SECHAUD, résistant cussétois, engagé dans les combats de la Libération, merci pour votre présence aujourd’hui,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
Le Dimanche 30 juin 1940, sur convocation du général WEYGAND et de Pierre LAVAL, Pierre-Victor Léger, alors Maire de Vichy est convoqué à Clermont-Ferrand pour lui annoncer que le gouvernement Français va s’installer à Vichy.
Dans son agenda, il écrit, je cite : « Ils m’annoncèrent l’abandon de Clermont et le transport à Vichy
du gouvernement,
du Parlement,
du Président de la République.
Nécessité de réquisitionner des hôtels et les libérer de leurs clients. Décision immédiate. Ces hôtels seront libérés à partir du 1er juillet, 12h » (fin de citation)
Dans un pays en guerre, la Reine des Villes d’Eaux voit alors son destin basculer.
Notre ville est pendant 4 ans, le théâtre d’une classe politique qui multiplia les compromissions et qui enterra nos valeurs humanistes.
L’un des points de départ de cette terrible pièce, fut joué le 10 juillet 1940, au sein du Grand Casino réaménagé en Assemblée Nationale, où une révision de la constitution donna les pleins pouvoirs à Pétain et où seulement 80 parlementaires s’y opposèrent.
Ce 10 juillet 1940, la République était sacrifiée, cédant la place à un État français autoritaire, liberticide, antisémite… pour satisfaire l’occupant Nazi, dans un esprit de collaboration zélé.
Dans cette France occupée, Vichy avait donc une place particulière. Une place qui deviendra un fardeau que nous portons toujours 80 ans après. Vichy reste la victime expiatoire d’une histoire nationale qui ne passe pas. Vichy est victime de cette guerre. Une Victime, qu’un mauvais usage sémantique, fait passer pour un bourreau.
80 ans après, notre devoir est donc d’expliquer, d’analyser, de transmettre la réalité historique.
Transmettre, rappeler aux jeunes générations, c’est bien le sens des nombreuses actions mémorielles que nous menons depuis plusieurs années. Vichy regarde son passé en face quand la France peine encore à assumer. Comme le démontre les débats que suscite, 29 ans après, le discours du Vel d’hiv du Président Chirac.
Agir pour le Devoir de mémoire, C’est aussi la raison pour laquelle , avec le Conseil municipal, nous avons souhaité, ici, sur cette place du général de Gaulle, marquer ce 80e anniversaire de la Libération de Vichy avec un Monument en hommage à la Résistance et au Général de Gaulle.
Je remercie les artistes Marion et Patrick François pour leur création artistique qui a séduit le jury qui a retenu cette œuvre.
Son emplacement au cœur de notre ville rappellera quotidiennement aux nombreux passants que Vichy fut une terre de résistance.
Son emplacement, a aussi un sens historique avec, entre autres, cette poste dont le rôle fut central pour choisir Vichy comme capitale et aussi à proximité de notre Hôtel de Ville devant lequel le général de Gaulle prononça un discours le 17 avril 1959, lors d’une visite officielle.
Le Général de Gaulle qui rappellera à une autre occasion je cite : « Vichy, qui n’eut point à choisir de 1940 à 1944 son destin, ne saurait accepter d’être associée à la déchéance du gouvernement qui lui fut alors arbitrairement imposée ».
Aujourd’hui, nous fêtons la libération de Vichy, nous inaugurons un monument pour la Résistance mais nous baptisons aussi les rues adjacentes de cette place du Général De Gaulle, du nom de résistants Vichyssois et plus particulièrement de résistantes. Ces femmes trop souvent invisibilisées alors que leurs actions et leur courage furent déterminants. Tout comme le sont aujourd’hui les femmes à la tête de la résistance iranienne.
Parce que l’injustice leur était insoutenable, parce qu’ils croyaient en la République, parce qu’ils chérissaient la démocratie, l’engagement de nos résistants, parfois au péril de leur vie, nous oblige.
Hélène et Gaston Regnier, boulangers,
Marie-Jeanne Bouteille, institutrice,
Francisque Driffort, commis au Trésor,
Marie-Marcelle Viraud, secrétaire médicale,
Alice Arteil, Lieutenant de la Résistance intérieure française,
Yvette Poucy et Yvonne Moreau, agents de renseignements aux côtés de Marc Juge,
Leurs noms sont désormais inscrits sur nos murs.
Cette journée est aussi l’occasion de rendre un hommage particulier à Georges Mandel, homme d’état trop souvent méconnu, incarnation de la tradition républicaine et de la résistance à l’occupant. Son nom est dorénavant gravé dans ce square qui jouxte cette poste qu’il inaugura le 13 octobre 1935.
Nous sommes ici dans le cœur administratif de notre ville, siège d’institutions qui font vivre la démocratie locale et nous sommes donc, dorénavant, aussi au cœur d’un vaste espace de mémoire.
Espérons que les décideurs politiques qui ne manqueront pas de fréquenter ce secteur, s’inspireront des valeurs exemplaires de ces femmes et de ces hommes.
Force est de constater qu’une partie du monde politique actuel semble oublier qu’il doit être le garant des valeurs humanistes pour lesquelles de nombreux résistants ont perdu la vie.
****
80 ans après cette libération, souvenons-nous.
Le 26 août 1944, Vichy se réveille libre : les rues de Paris et Georges-Clemenceau sont noires de monde ; des drapeaux alliés flottent à l’hôtel du Parc ; aux Quatre-Chemins, une banderole en l’honneur du général De Gaulle est installée.
Le 26 août 1944, les Vichyssois reprennent possession de leur cité thermale, effacent les traces de l’occupant, brûlent les documents de propagande, retirent les enseignes des bâtiments occupés.
Le 26 août 1944, partout en ville, des airs entraînants résonnent, les ovations de la foule font écho, Vichy est libérée et ses habitants, asphyxiés pendant quatre longues années, reprennent vie.
Comment parler de la libération de Vichy sans évoquer le nom de Walter Stucki.
En août 1944, grâce à l’intervention de Walter Stucki, Ambassadeur de Suisse en France, la Ville de Vichy est sauvée de la destruction par l’occupant allemand. Notre ville lui doit tellement.
Avant de conclure, je souhaite remercier les contributeurs financiers à la réalisation de ce monument : la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’État et saluer le don du Docteur Richard Heil, médecin de Mannheim, en Allemagne, qui, par son geste et sa présence aujourd’hui, incarne la réconciliation entre nos peuples et cette fraternité, désormais devenue un pilier de notre construction européenne.
Cette Europe qui est un héritage fort de cette période. Une Europe que nous nous devons de chérir surtout au moment où la guerre frappe notre continent.
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Mesdames, messieurs,
En célébrant avec fierté le 80e anniversaire de la libération de la France, nous célébrons un moment charnière de notre histoire qui symbolise le triomphe de la liberté sur l’oppression.
Nous célébrons, des hommes et des femmes courageux qui se sont levés pour défendre des valeurs fondamentales.
Aujourd’hui, Rendons hommage à cet héritage.
Ayons conscience que la liberté et la démocratie sont menacées à travers le monde par des régimes autoritaires, tandis que dans nos nations le populisme et la xénophobie gagnent du terrain.
Face à ces défis, la résistance émerge comme une valeur essentielle car la lutte pour la démocratie ne se limite pas à un moment historique ; elle est un combat continu qui nécessite notre vigilance et notre détermination.
En cette année de célébration,
Engageons-nous à préserver et à promouvoir les valeurs de liberté et de justice.
Rappelons-nous que la résilience et l’unité sont nos meilleures armes contre l’oppression, et que, tout comme nos aînés l’ont fait, nous devons être prêts à agir pour protéger les droits de tous.
Ensemble, honorons notre passé pour inspirer notre avenir, car la résistance est plus qu’un devoir, c’est une promesse envers les générations futures.
Vive Vichy.
Vive la République.
Vive la France.
Inauguration de la plaque en hommage à Marc-Roland Juge & Signature de la convention avec la Fondation de la Résistance – 22 janvier 2024
Dans le cadre de la Semaine Histoire et Mémoire(s) 2024, une plaque en hommage à Marc-Roland Juge a été inaugurée sur la façade arrière de l’Hôtel de Ville, là où était son bureau. Pour rappeler ses valeurs, son courage et son engament. Entré dans la police à la veille de la seconde guerre mondiale, Marc-Roland Juge est nommé à Vichy en octobre 1942. Il choisit la Résistance et s’engage au sein du groupe Didier puis du réseau Marco-Polo. Utilisant sa fonction de commissaire de police, il transmet des renseignements pour dénoncer l’oppresseur. Il y a 80 ans, le 18 janvier 1944, Marc-Roland Juge est arrêté. Il sera fusillé à Clermont-Ferrand, le 24 mars de la même année.
La première journée de la semaine mémorielle s’est clôturée avec la signature de la convention entre la Fondation de la résistance et la Ville de Vichy.
Discours de Frédéric AGUILERA
22 janvier 2024
Mairie de Vichy
Madame la Préfète de l’Allier,
Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Député, cher Nicolas,
Monsieur le Directeur général de la Fondation de la Résistance, Monsieur TREFFEL,
Monsieur le Commissaire,
Monsieur le Commandant Peroteau, dont je salue l’investissement pour cet hommage à Marc-Roland Juge,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Mesdames et Messieurs,
****
Il y a 80 ans, jour pour jour, Marc-Roland Juge était arrêté le 18 janvier 1944 avant d’être fusillé à Clermont-Ferrand, le 24 mars de cette même année.
Entré dans la police à la veille de la seconde guerre mondiale, Marc-Roland Juge est nommé à Vichy en octobre 1942.
Parce que l’injustice lui était insoutenable, il fit le choix de la Résistance à travers son engagement au sein du groupe Didier puis du réseau Marco-Polo.
Parce qu’il croyait en la République, il utilisa sa fonction de commissaire pour traquer la haine.
Parce qu’il chérissait la démocratie, il dirigea, depuis son bureau, ici, à l’Hôtel de Ville, des actions pour dénoncer l’oppresseur.
L’honneur, le courage, le don de soi. Ce sont les valeurs de la police, celle pour laquelle il s’était engagé en 1938.
*****
Rendre hommage à Marc-Roland Juge, c’est rendre hommage à la résistance. A cette résistance très présente à Vichy.
C’est à Vichy que se leva la première résistance institutionnelle, par le refus de 80 parlementaires d’accorder les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain, comme le rappella le Général De Gaulle.
C’est à Vichy, qu’est fondé entre octobre 1940 et février 1941, le réseau Alliance, le plus important des réseaux de renseignement opérant en France.
C’est à Vichy, que s’écrivent les destins de Marie-Jeanne et Jean Bouteille, Jean Sabatier, Abel Royal, Andrée et Henri Péquet, Hélène et Gaston Régnier et bien d’autres, autant de résistants Vichyssois, de héros nationaux, inscrits aujourd’hui dans l’Histoire de notre pays.
C’est à Vichy, aussi, qu’il y eut des Français « ordinaires » aux gestes extraordinaires : François POTONNIER, Marie PELIN, Henri et Henriette JULIEN, Jean-Pierre TOQUANT, Henriette et René DUPHIL, Elisabeth et Pierre FRANÇOIS, Etienne ESPINEL, ces dix Justes vichyssois qui, durant l’occupation se sont levés pour protéger leurs frères menacés d’une arrestation et d’une déportation vers les camps de la mort.
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80 ans après, rendre hommage aux Résistants est une nécessité.
Honorer Marc-Roland Juge est un hommage à toutes les résistances, une valeur si fondamentale dans le monde actuel.
Lucie Aubrac, le disait « Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent ». C’est une valeur qui doit savoir traverser le temps et qui doit continuer de nous guider.
Le 27 mai 2023, à l’occasion de la journée nationale de la résistance, les élèves du Lycée Albert-Londres à Cusset avaient été interrogés sur la résistance.
Je cite ces lycéens : « De nos jours, nous avons tendance à penser que tout ceci appartient au passé. Mais qu’en est- t-il de la résistance civile et militaire ukrainienne pour leur indépendance face aux envahisseurs russes ? Hier, aujourd’hui et demain, les combats pour notre liberté continuent. » Fin de citation.
À l’heure où les démocraties sont fragilisées partout dans le monde en raison de l’explosion du populisme, du totalitarisme et du radicalisme religieux, il est plus que jamais nécessaire de rappeler que, dans les périodes troublées, notre République, ses principes et ses valeurs peuvent disparaître.
Dans un monde où les droits de l’homme sont encore violés, nous avons le devoir de transmettre, de porter l’espoir pour les générations futures.
Résistance civile en Ukraine, Résistance quotidienne engagée par les femmes iraniennes, sont autant de combats contre la barbarie, contre la haine, pour la liberté, pour nos libertés fondamentales.
Le 25 août 2004, lors de son discours à l’occasion du 60e anniversaire de la libération de Paris, le Président Jacques Chirac s’adresse aux jeunes générations et leur rappelle, je cite : « Je les appelle à la vigilance, à l’esprit de résistance, pour faire barrage au mépris, à cette haine de l’autre, toujours à l’œuvre, qui est la face la plus sombre de l’âme humaine (…) Je les appelle à défendre, partout et toujours, nos valeurs. Elles sont notre héritage commun. Notre message. Notre fierté. Le grand combat de la France. » Fin de citation.
*****
Rendre hommage à Marc-Roland Juge est donc une nécessité, tout comme signer cette convention avec la Fondation de la Résistance, afin d’encourager la réflexion et les actions autour de la Résistance.
Un partenariat qui, dans les prochains mois, trouvera ses fondations place Charles-de-Gaulle, à travers le Monument aux Résistances qui sera inauguré, le 26 août prochain dans le cadre des 80 ans de la Libération de Vichy.
« N’oublie jamais qu’on ne peut pas vivre sans l’approbation de sa conscience » écrit Marc-Roland JUGE à son fils à la veille de son exécution.
Sachons ensemble être digne de cet héritage.
Je vous remercie
Remise de la médaille des Justes parmi les nations au bénéfice d’Etienne Espinel – 24 avril 2023
Le 24 avril 2023, a eu lieu la remise, à titre posthume, de la Médaille des « Justes parmi les Nations » au bénéfice d’Étienne Espinel, ancien buraliste à Vichy en présence de Philippe Espinel, son petit-fils et de Moshe Oren – Marcel Tannenbaum qui fut sauvé avec sa famille. Une cérémonie émouvante en présence de la famille de Moshe Oren, de Pierre-François VEIL, de Vered HELLER-BENBASSA, attachée culturelle de l’ambassade d’Israël à Paris et de nombreux écoliers, collégiens et lycéens de Vichy. Ils s’étaient rendus le matin Boulevard Denière, résidence de la famille Tannenbaum, et emplacement du bureau de tabac tenu à l’époque par Etienne Espinel, avant de rendre un hommage au cimetière de Creuzier-le-Neuf.
Discours de Frédéric AGUILERA
24 avril 2023
Mairie de Vichy
Madame la Sous-Préfète,
Madame l’attachée culturelle de l’Ambassade d’Israël à Paris,
Monsieur le Député,
Chers collègues, chers élus,
Monsieur le Président du Comité français pour Yad Vashem, Cher Pierre-François VEIL,
Madame Michelle LONDON, Présidente de l’Association Cultuelle israélite de Vichy et ses environs,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Monsieur Philippe ESPINEL,
Monsieur Moshe OREN, et votre famille
Mesdames et Messieurs,
Chers jeunes Vichyssois,
« Quiconque sauve une vie sauve l’univers entier » dit le Talmud. Cette phrase, gravée au dos de la médaille des Justes parmi les nations prend un sens concret aujourd’hui, car en sauvant la famille OREN – TANNENBAUM, c’est une famille de 350 descendants que sauva Étienne ESPINEL.
Monsieur Moshe OREN, permettez-moi de vous saluer chaleureusement. C’est un honneur de vous recevoir aujourd’hui à l’Hôtel de Ville de Vichy, vous qui avez tenu à faire reconnaître le geste héroïque d’Etienne ESPINEL, un Vichyssois qui fait dorénavant notre fierté.
Merci à vous Philippe ESPINEL d’être présent pour cet hommage à votre grand-père. Cette présence est un grand honneur.
Cher Pierre-Francois VEIL,
Dans son discours du 18 janvier 2007, à l’occasion de la cérémonie nationale en l’honneur des Justes de France, votre mère, Simone VEIL soulignait, je cite : « Pour la plupart, vous étiez des Français « ordinaires ». Citadins ou ruraux, athées ou croyants, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, vous avez hébergé ces familles, apporté réconfort aux adultes, tendresse aux enfants. Vous avez agi avec votre cœur parce que les menaces qui pesaient sur eux étaient insupportables. Vous avez obéi sous le coup d’une exigence non écrite qui primait sur toutes les autres. Vous n’avez pas cherché les honneurs. Vous n’en êtes que plus dignes ». Fin de citation.
Etienne ESPINEL fut un de ces héros du quotidien, un anonyme qui, durant l’occupation de la France, s’est levé pour protéger ses frères menacés d’une arrestation et d’une déportation vers les camps de la mort en ce mois d’avril 1944.
Déportation à laquelle n’ont pas échappé une trentaine de personnes raflées dans l’agglomération vichyssoise par la Gestapo, transférées le 21 avril à Drancy et presque toutes déportées le 29 avril à Auschwitz par le convoi numéro 72.
Période où d’autres arrestations furent aussi organisées à Vichy.
10 jours après, le 2 mai 1944, le jeune Michel CRESPIN, âgé de 5 mois, fut emmené. Il est décédé, quelques jours plus tard, à Auschwitz, assassiné par les nazis à 5 mois… 5 mois.
Il restera dans nos mémoires comme le plus jeune déporté de l’Allier.
Etienne ESPINEL, lui-aussi, restera dans nos mémoires.
Il a d’abord exercé le métier de charcutier avant de tenir le bureau de tabac du 22 boulevard Denière. Il fut un homme dont le dévouement pour sa Ville a ponctué sa vie, notamment en travaillant pour la Mairie de 1966 à son décès en 1971.
Etienne ESPINEL aura donc désormais son nom inscrit dans l’histoire de notre Ville aux côtés des 9 autres Justes vichyssois : François POTONNIER, Marie PELIN, Henri et Henriette JULIEN, Jean-Pierre TOQUANT, Henriette et René DUPHIL, Elisabeth et Pierre FRANÇOIS.
En célébrant aujourd’hui cet acte profondément humaniste d’un Vichyssois, on met une fois de plus en exergue, qu’à Vichy, cette ville à l’histoire bimillénaire, la réalité, comme dans le reste de la France, était bien plus complexe que le laissent penser les raccourcis sémantiques sur notre ville.
Oui, à Vichy s’était installé un gouvernement qui enterra la République le 10 juillet 1940, promulgua l’abject statut des juifs et collabora pour déporter des juifs, bien plus que ne l’espérait l’envahisseur.
Mais, c’est aussi à Vichy que 80 parlementaires, refusèrent de voter les pleins pouvoirs constituants à Pétain, le premier acte de résistance institutionnelle, pour reprendre l’expression du Général de Gaulle.
C’est à Vichy que sont apparus des Vichysto-résistants et que s’organisent, au cœur même du pouvoir, des réseaux de renseignement comme « Alliance », l’un des premiers et des plus actifs.
C’est à Vichy que, des Justes, reconnus ou non, sauvèrent des juifs.
À Vichy, comme en France, cette conscience collective, à rebours de l’Etat Français, permit de sauver de nombreuses vies, comme le souligne régulièrement Serge KLARSFELD.
En cette journée si particulière pour notre ville, je souhaite m’adresser à vous, jeunesse vichyssoise.
Ici-même, dans cette salle, le 19 février 1942, Pétain convoqua les 121 Préfets français pour qu’ils prêtent serment.
Parmi les Préfets présents, on peut citer René Bousquet, chef de la police du gouvernement de l’État Français, responsable de la déportation de milliers de juifs de la zone libre.
81 ans après, c’est dans cette même salle que je vous propose de méditer un autre serment. Le serment qu’à Vichy, plus qu’ailleurs, nous avons compris les leçons du passé.
À vous qui vivez dans une ville dont le nom est souvent associé aux heures sombres de la France, vous devez plus que tout autre français être porteur des valeurs humanistes qui ont forgé notre pays. Vous devez vous battre contre les discriminations liées aux origines, aux religions, aux orientations sexuelles.
Jeunesse de Vichy,
Vous devez, plus que tout autre français, comprendre que par un simple vote du parlement, on peut enterrer notre belle République et ses valeurs. Que nos institutions sont fragiles et que notre démocratie est trop précieuse pour être mise dans les mains des extrémistes. Que la France est capable du meilleur comme du pire, en fonction de nos choix collectifs.
Jeunesse de Vichy,
Regardez sans concession ces 4 ans de notre histoire pour forger le meilleur de vous-même.
Jeunesse de Vichy,
Regardez la richesse de nos 2000 ans d’histoire, en observant la diversité de notre patrimoine qui s’inspire du monde entier, comme ce dôme byzantin et ses 2 minarets, symboles de notre architecture. Cette diversité est notre véritable identité, une identité ouverte sur toutes les cultures.
À Vichy nous savons, que c’est grâce à cette diversité que nous bâtissons le meilleur et que nous pouvons être reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Jeunesse de Vichy,
Inspirez-vous d’Etienne ESPINEL.
Dans 2 jours, nous rendrons hommage à Jacques CHIRAC qui fit entrer les Justes parmi les Nations au Panthéon. À l’occasion de cette cérémonie il disait, je cite : « Vous, Justes de France, vous avez transmis à la nation un message essentiel, pour aujourd’hui et pour demain : le refus de l’indifférence, de l’aveuglement. L’affirmation dans les faits que les valeurs ne sont pas des principes désincarnés, mais qu’elles s’imposent quand une situation concrète se présente et que l’on sait ouvrir les yeux. Plus que jamais, nous devons écouter votre message : le combat pour la tolérance et la fraternité, contre l’antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes, est un combat toujours recommencé. » fin de citation
Jeunesse de Vichy,
Voilà le sens de la cérémonie qui nous réunit aujourd’hui : vous transmettre les leçons du passé pour que vous bâtissiez un avenir meilleur.
Monsieur Moshe Oren, quand je vous regarde vous et votre famille, je me dis que, si Pétain avait effectivement répudié la République, heureusement l’âme et les valeurs de cette République Française vivaient toujours grâce à des Femmes et des Hommes comme Etienne Espinel, à qui nous rendons hommage aujourd’hui.
Je vous remercie.
Inauguration du Pont Jacques-Chirac – 26 avril 2023
L’inauguration de la nouvelle dénomination du Pont Jacques-Chirac, en présence de Claude Chirac, de Frédéric Salat-Baroux, ancien secrétaire général de l’Élysée, et de Serge Klarsfeld, le mercredi 26 avril 2023. L’occasion de rappeler que, Jacques Chirac, fut le premier Président de la République à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs.
Discours de Frédéric AGUILERA
26 avril 2023
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Madame Claude Chirac,
Monsieur Frédéric Salat-Baroux,
Madame et Monsieur Klarsfeld,
Mesdames et Messieurs
Nous sommes réunis aujourd’hui, pour rendre hommage à Jacques Chirac.
Choisir ce pont, pour se souvenir de notre 5ème président de la Ve République, a du sens :
En effet, Ce pont fut inauguré simplement quelques jours avant la naissance de Jacques CHIRAC.
Ce pont prolonge l’avenue de la République. Il croise l’allée des Justes parmi les Nations, en arrivant à Vichy, et rejoint l’avenue Aristide BRIAND, Président du Conseil, Ministre, prix Nobel de la paix et initiateur de nos grands textes sur la laïcité.
Enfin, ce pont ouvre sur une ville dorénavant inscrite au patrimoine mondial, grâce à une architecture qui s’inspire du monde entier à l’image de ce carrefour universel que fut Vichy. Une ouverture sur le monde, chère au Président CHIRAC.
Merci à vous, Claude CHIRAC, d’avoir accepté, au nom de votre famille, cette proposition et j’ai à cet instant, une pensée très respectueuse pour votre mère.
Vichy est une ville à l’histoire bimillénaire, au destin hors-norme.
Inscrire le nom de nos Présidents de la République sur nos murs n’a rien d’anodin dans cette ville, où l’Etat français a décidé, le 10 juillet 1940, d’enterrer notre République et ses valeurs.
Sanctuariser, à Vichy, le nom d’un Président de la REPUBLIQUE démontre notre attachement à celle-ci, qui fut ici bafouée !
Et avec Jacques CHIRAC, le symbole est d’autant plus fort, qu’il porta des valeurs et des messages en rupture avec ses prédécesseurs, des messages qui résonnent singulièrement dans notre ville.
Par cette dénomination, nous voulions donc, avec le Maire de Bellerive et nos conseils municipaux, souligner 3 symboliques fortes, en lien avec les heures sombres de la France, en lien avec les heures sombres de la ville de Vichy.
Le premier symbole, c’est le discours du Vel d’hiv du 16 JUILLET 1995 où Jacques CHIRAC a su regarder ces heures sombres en face. En prononçant cette phrase : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. », il mit fin à un dogme et ouvrit enfin le chemin de la réparation.
Ce jour-là, il ajoutait : « Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. »
Monsieur Serge KLARSFELD, nous connaissons votre rôle déterminant dans ce processus de reconnaissance de la responsabilité de l’Etat Français. Merci pour votre présence et merci d’avoir accepté d’intervenir aujourd’hui dans ce moment d’hommage.
Le 2eme symbole de cette dénomination, est lié à la décision de Jacques CHIRAC de faire entrer les Justes parmi les Nations au Panthéon, sous l’impulsion de Simone VEIL.
Par ce geste, il a rappelé que le zèle de l’Etat Français fut contrebalancé par l’humanisme des Justes de France, déclarés ou anonymes, ainsi que par la pression exercée par la société civile.
Lors de la cérémonie au Panthéon, Jacques CHIRAC dit : « Vous incarnez aussi la France dans ce qu’elle a de plus universel, dans la fidélité aux principes qui la constituent.
Grâce à vous, grâce à d’autres héros à travers les siècles, nous pouvons regarder la France au fond des yeux, et notre histoire en face : parfois, on y voit des moments profondément obscurs. Mais on y voit aussi et surtout le meilleur et le plus glorieux.
Notre histoire, il faut la prendre comme un bloc. Elle est notre héritage, elle est notre identité. C’est à partir d’elle, et en traçant de nouveaux chemins, que nous pouvons nous engager tête haute dans les voies de l’avenir.
Oui, nous pouvons être fiers de notre histoire !
Oui, nous pouvons être fiers d’être Français ! » . Fin de citation
Monsieur SALAT-BAROUX, vous qui étiez Secrétaire Général de l’Élysée lors de cette cérémonie, je vous remercie pour votre présence et vous remercie d’avoir accepté d’intervenir au nom de la famille du Président CHIRAC.
Enfin, La 3eme symbolique c’est son combat contre les extrémistes et la fragilité de nos institutions. Un combat plus que jamais d’actualité.
À Vichy, en commémorant les 80 parlementaires qui, le 10 juillet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs constituants à Pétain, nous soulignons, tous les 10 juillet, la fragilité de nos institutions. Nous soulignons que dans les périodes troublées, la République et ses valeurs peuvent disparaître par un simple vote, à une écrasante majorité.
Cette fragilité Jacques Chirac l’a rappelée régulièrement ; je cite : « Ce que nous enseignent aussi l’effondrement de la République en juin 1940, l’illusion tragique du recours à Pétain et le déshonneur de son régime, c’est à quel point une nation est fragile. Dans le confort de nos certitudes d’aujourd’hui, beaucoup ont le sentiment que la France est éternelle, que la démocratie est naturelle, que la solidarité et la fraternité peuvent se résumer au système de sécurité sociale. Dans une société qui, malgré ses difficultés, est prospère et stable, l’idée du bonheur semble trop souvent se ramener à la satisfaction de besoins matériels. … ». Fin de citation
Ce message sur notre fragilité est à mettre en écho avec le discours du Président Chirac à l’occasion de la fin de son mandat, qui sonne comme un testament. Je cite encore :
« … ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. Dans notre histoire, l’extrémisme a déjà failli nous conduire à l’abîme. C’est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit. Tout dans l’âme de la France dit non à l’extrémisme. » Fin de citation.
Mesdames, Messieurs,
Vous l’avez compris, les messages de Jacques Chirac ont une résonnance particulière à Vichy et dans la France d’aujourd’hui. Pour cela, il était évident que Vichy se devait de rappeler son héritage et de rendre hommage à ce grand Président de la Vème République.
Je vous remercie.
Visite du président de la République – 8 décembre 2021
Mercredi 8 décembre, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy, accueillait le Président de la République Emmanuel Macron en visite officielle dans l’Allier.Depuis le Hall des Sources, Frédéric Aguilera a présenté la stratégie de la Ville de Vichy pour redevenir « La Reine des Villes d’Eaux ». Afin de redevenir une destination thermale et touristique de référence en Europe, la Ville et ses partenaires investiront dans trois domaines : le thermalisme, le sport et le patrimoine. Lors de cet échange, il a notamment été question du programme de restauration du Parc des Sources, redevenu le 5 mars 2021, propriété de la Ville de Vichy avec l’ensemble du domaine thermal.
Tournée vers l’avenir, la Ville de Vichy ne veut pas porter, seule et injustement, le poids de l’histoire entre 1940 et 1944. C’est le second message que Frédéric Aguilera tenait à réaffirmer devant le Président de la République en lui remettant symboliquement la délibération du Conseil Municipal de Vichy du 20 novembre 1944 demandant de ne plus stigmatiser le nom Vichy. A cette occasion, Le Maire de Vichy a souhaité que l’Etat puisse accompagner la Ville dans la création d’un Musée consacré à ses 2000 ans d’histoire dont une partie sera consacrée au régime de Pétain et à la collaboration de l’Etat Français.
Au cours de cette visite officielle, le Président de la République s’est recueilli en présence des époux Klarsfeld, devant la stèle commémorant les victimes de la rafle du Vel d’Hiv du 26 août 1942, puis sur le parvis de l’Opéra, devant la plaque en hommage aux 80 parlementaires ayant refusé, le 10 juillet 1940, de voter les pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain.
La visite s’est poursuivie par des échanges avec les Vichyssois, rue Wilson, puis par une rencontre avec des associations locales.
Discours de Frédéric AGUILERA
8 décembre 2021
Hall des Sources
Monsieur le Président,
Merci d’avoir répondu à l’invitation des Vichyssoises et des Vichyssois.
C’est un honneur de vous accueillir.
Un honneur car, à Vichy, les visites Présidentielles sont rares.
Un honneur, car cette visite vient couronner une année 2021 historique pour Vichy.
Historique, du fait du transfert du domaine thermal, que nous attendions depuis des décennies. Il y a quelques mois encore, vous étiez chez vous, dans ce hall des Sources ;
Historique, du fait de l’inscription de Vichy au patrimoine mondial de l’UNESCO avec nos partenaires européens des « Grandes villes d’eaux d’Europe ».
C’est un honneur de vous accueillir car vous êtes venu parler de l’avenir de notre ville.
Un honneur, enfin, car le parcours mémoriel que vous allez réaliser démontre votre souhait de nous accompagner dans notre démarche pour réhabiliter notre nom.
Monsieur Le Président,
Nous souhaitons vous présenter notre stratégie pour que Vichy redevienne la « Reine des villes d’Eaux », pour qu’elle redevienne une destination thermale et touristique de référence à l’échelle européenne.
Pour cela nous investissons sur 3 thématiques : le sport, le thermalisme, le patrimoine.
- Pour le sport, nous allons renforcer notre positionnement comme destination pour le haut niveau, ainsi que pour les grands événements. Nous sommes heureux d’être le territoire où les sportifs internationaux pourront préparer le plus grand nombre de disciplines dans la perspective des JO 2024 et nous sommes fiers d’accueillir régulièrement des rendez-vous d’envergure mondiale. D’ailleurs, je tiens à souligner qu’après Brisbane, c’est à Vichy que se dérouleront les Global Games, en 2023.
- Notre deuxième ambition est d’affirmer le rayonnement thermal de Vichy et son positionnement autour de la santé et de la prévention. C’est l’objet du projet « Accélération 2030 » que nous allons vous présenter dans un instant.
- Enfin, à la suite de notre inscription sur la liste du patrimoine mondial, il est urgent de restaurer notre patrimoine, à l’image de ce parc des Sources, poumon de 6 hectares en cœur de ville, de la taille de la place Saint-Marc, à Venise. C’est le cœur du bien UNESCO. Là aussi nous vous présenterons dans un instant notre projet.
Ces 3 thématiques représentent près de 200 millions d’euros d’investissement que nous mobilisons, avec nos partenaires, dont l’Etat.
Si nous avons cette ambition forte, c’est que nous aimons notre ville, nous aimons notre patrimoine, nous sommes fiers de nos 2000 ans d’histoire et nous croyons en notre avenir.
Monsieur Le Président,
Vous le voyez, nous ne manquons pas d’énergie pour Vichy. Nous sommes résolument tournés vers l’avenir.
Pourtant, un boulet sémantique continue, encore et toujours, de lester l’envol de notre ville. Un boulet lourd de quatre années de plomb. Nous mesurons quotidiennement, à Vichy, ce qu’est le poids des mots. Le poids d’une stigmatisation injuste.
Vichy reste associée à la honte française.
Vichy est la honte française.
Vichy est LA victime expiatoire d’un pays qui a du mal à regarder son passé en face.
L’expression « Régime de Vichy » était, après-guerre, un moyen de favoriser l’unité du pays et protéger l’image de la France.
Pourtant, 80 ans après, cette unité est retrouvée et, depuis, un long processus de reconnaissance a été enclenché par des combattants de la vérité, comme les époux Klarsfeld, dont je salue la présence aujourd’hui à Vichy, ou encore Simone Veil.
Ce combat s’est traduit dans le discours du Président Jacques Chirac en 1995, lors des commémorations de la rafle Vel d’hiv’. Discours qui restera gravé dans l’histoire de France et dans le cœur des Vichyssois.
Ces propos mettaient un terme à 50 ans de déni officiel, 50 années d’une réécriture historique qui voulait faire croire que la collaboration n’était pas le fait de la France, en tant que machine administrative et politique, mais d’une sorte de branche illégitime de l’Etat, désormais abattue.
Une légende basée sur un postulat tronqué en vertu duquel « c’était Vichy, ce n’était pas la France ».
Aux Vichyssois d’en assumer le fardeau. A Vichy d’incarner cette période !
Jacques Chirac a fait un pas énorme, sur ce chemin de résilience. Mais il reste encore à faire.
Cette manière d’orienter le récit historique de notre pays, et la persistance même de ce déni pernicieux, constituent un vrai danger pour l’avenir.
Vivre dans le déni, c’est entretenir les braises des anciens feux.
Vivre dans le déni, c’est garder la porte ouverte à la résurgence des vieux démons.
Au moment où les populistes sont aux portes du pouvoir, et où le révisionnisme tend pour certains à constituer un programme électoral, il serait pourtant nécessaire de rappeler que c’est bien l’État, notre Etat français, qui a failli. Notre Etat, qui peut mettre en œuvre les pires politiques lorsqu’il est entre des mains peu soucieuses des valeurs humanistes et républicaines.
Monsieur Le Président,
Je souhaite vous remettre officiellement, pendant cette visite, une délibération de notre Conseil Municipal du 20 novembre 1944, qui demande de ne plus stigmatiser notre ville.
Je souhaite que l’Etat puisse nous accompagner dans notre projet de musée sur les 2000 ans d’histoire de Vichy, dont une partie sera consacrée, bien sûr, au régime de Pétain et à la collaboration de l’Etat Français. Parce que nous n’avons pas la mémoire sélective, et parce que nous avons besoin d’être lucide sur notre passé, sur tout notre passé.
Mais nous ne pouvons pas porter seuls cette mémoire. C’est, avant tout, à la France d’avancer sur cette période.
Monsieur le Président,
Renforcée par ces épreuves qu’elle a traversées, Vichy est forte et relève la tête.
Vichy est résolument tournée vers son avenir, Vichy avance.
Après cette année historique pour notre ville, tous les éléments sont réunis pour écrire un nouveau chapitre de notre histoire et assurer la Renaissance de notre « Reine des villes d’eaux ».
Puissions-nous la faire rayonner ensemble.
Vive Vichy !
Inauguration du Parvis Simone-Veil et de l’Allée des Justes parmi les Nations – 11 septembre 2019
La Ville de Vichy honore Simone Veil. Mercredi 11 septembre 2019, inauguration du Parvis Simone-Veil et de l’Allée des Justes parmi les Nations, en présence de Pierre-François Veil, président du Comité Français pour Yad Vashem.
Discours du Maire de Vichy, Frédéric AGUILERA
« Monsieur le Président du Comité français pour Yad Vashem, Pierre-François VEIL,
Madame le Sous-préfet,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs Dominique LEQUET et Michel DELANNOIS, représentants des Eclaireuses et des Eclaireurs de France,
Madame Michele LONDON, Présidente de l’ACIVE,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations cultuelles, historiques, culturelles, patrimoniales et militaires,
Mesdames et Messieurs,
Bienvenue à tous sur la terrasse du grand Casino de Vichy où je suis heureux de vous retrouver.
Votre présence témoigne de l’attachement porté par les Vichyssois aux valeurs qui fondent notre ville : l’altruisme, le respect de l’autre, la cohabitation harmonieuse entre les cultures.
Avant toute chose, je veux remercier très chaleureusement la famille de Simone Veil, en particulier ses fils, Jean et Pierre-François.
Quand je vous ai contactés pour vous faire part de mon souhait de donner le nom de votre mère à un lieu emblématique de Vichy, vous avez immédiatement dit oui.
Non seulement vous avez permis la tenue de cette journée d’hommage mais, par votre bienveillance, vous avez grandement facilité les choses. Soyez-en remerciés.
Permettez-moi de remercier aussi les membres des familles des « Justes », qui sont parmi nous aujourd’hui, et notamment Mme DUPHIL-DENIS et son époux, qui ont fait le déplacement pour l’occasion, et dont je tiens à saluer la présence.
Je souhaite également saluer Monsieur Alain JACOB, fils d’Annette DENNERY, sauvée par des Justes alors qu’elle était traquée par l’Etat français.
Nous sommes heureux de pouvoir vous associer à l’hommage rendu à vos aïeux, ces hommes et ces femmes « qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs » selon la terminologie exacte du Comité Yad Vashem ; nous sommes heureux de rappeler, à vos côtés, leur contribution active, et trop souvent méconnue, au combat contre la barbarie.
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Une double inauguration nous réunit ce matin – celle de l’ « Allée des Justes parmi les Nations » et celle du « Parvis Simone-Veil » – mais, vous l’avez compris, ces deux moments sont complémentaires l’un de l’autre. Les enfants de Simone Veil ont en effet souhaité que le temps que nous lui consacrons soit doublé d’un hommage rendu à celles et ceux qui ont combattu l’horreur de la shoah.
Les Justes parmi les Nations furent des héros du quotidien, des anonymes qui, durant l’occupation de la France, se levèrent pour protéger leurs frères menacés d’une arrestation et d’une déportation vers les camps de la mort.
Tous ont accompli cette chose exceptionnelle : sauver des vies.
Les Justes vichyssois furent notamment actifs au Pavillon Sévigné, au nez et à la barbe de Philippe Pétain, qui logeait au-dessus d’eux. C’est donc à proximité immédiate de cette demeure historique que les promeneurs se verront rappeler leur action.
A Paris et à Jérusalem, les Murs des Justes ont gravé leurs noms pour l’éternité.
C’est désormais chose faite, ici, à Vichy.
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Les 5 Justes vichyssois s’appelaient Henriette Duphil, René Duphil, Elisabeth François, Pierre François et Marie Pelin.
Marie PELIN était fonctionnaire au Ministère de la Guerre.
En 1943, elle sauva les trois enfants de ses voisins, de confession juive. Abandonnant son travail, elle les cacha, comme elle aurait caché les siens, dans la ferme familiale du Puy-de-Dôme. Ils furent pleinement intégrés à la famille, se liant en particulier aux nièces de Marie, enfants du même âge.
En 1997, lors d’une cérémonie organisée à l’Hôtel de Ville de Vichy, Marie reçut la Médaille des Justes.
L’action de Marie Pelin diffère sensiblement de l’engagement des autres Justes vichyssois, les époux Duphil et François. Car évoquer ces derniers, c’est aussi comprendre le rôle important joué par le mouvement des Eclaireurs de France.
Je souhaite remercier vivement l’Association pour l’Histoire du Scoutisme Laïque pour le travail historique mené depuis des années.
Grâce à leurs documents et à ceux du Comité français pour Yad Vashem, nous avons pu retracer le parcours des Justes vichyssois.
Henriette DUPHIL était fonctionnaire à l’Education nationale ; son mari René DUPHIL était Cadre technique. Tous les deux étaient chefs Eclaireurs.
En 2011, à l’occasion de la remise de la médaille des Justes à ses parents, vous insistiez, Madame Duphil-Denis, sur l’attachement de votre famille à une certaine forme de discrétion, loin de tous les hommages rendus à leur geste salvateur.
Le deuxième couple de Justes que nous honorons aujourd’hui est composé de Pierre FRANCOIS, Commissaire national des éclaireurs de France et d’Elisabeth FRANCOIS, Commissaire régionale de la Fédération Française des éclaireuses.
Pour leur fils, Dominique FRANCOIS, qui nous a malheureusement quittés, protéger des Juifs, « ça allait de soi ». Aussi, Elisabeth FRANCOIS aimait rappeler la discrétion des paysans, autour de la maison de Saint-Etienne-de-Vicq, louée en 1943 pour héberger de nombreuses personnes traquées : les paysans savaient, et ne parlaient pas.
La conscience et l’humanité des Justes les honorent, comme elles honorent tous ceux qui ont sauvé des personnes traquées par l’Etat français, à Vichy et ailleurs. Ils sont nombreux, et nous pourrions évoquer ces histoires, ces rumeurs parfois, souvent, connues des Vichyssois :
– Une secrétaire qui distribue illégalement en Mairie de Vichy, des cartes d’alimentation
– Un hôtelier qui cache des Juifs dans les sous-sols d’un palace vichyssois
– Un Ambassadeur brésilien qui délivre des dizaines, des centaines de visas, contre les ordres de son Gouvernement
– Ces nombreux inconnus qui ont tendu la main, et qui resteront anonymes, par humilité, par pudeur, ou parfois parce qu’ils sont tombés dans l’oubli
Agir en Juste aurait dû être la norme et non l’exception. On peut même se demander comment, sans leur action et celle des Résistants, nous pourrions encore décemment justifier aujourd’hui un prétendu attachement de l’humanité à la préservation des valeurs qui la fondent ?
Les Justes parmi les Nations sont des exemples pour nous tous. Des exemples surtout pour les jeunes générations. A l’heure où nos sociétés sont mises au défi par les extrémismes religieux et politiques, sachons être attentifs et intransigeants quant au respect des principes non-négociables qui fondent notre société.
« Qui sauve un homme, sauve l’humanité toute entière » dit le Talmud.
Pour éviter l’oubli, pour entretenir le souvenir de ces actes, pour rappeler l’absolue nécessité du devoir de résistance à toutes les formes d’oppression, nous nous devions de dénommer un lieu de notre ville en mémoire des Justes parmi les Nations.
Cet acte de mémoire donne un nouvel écho à l’engagement que Simone VEIL a porté en tant que Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
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En mars 1944, Simone Veil, née Jacob, avait 16 ans.
Arrêtée à Nice, où elle était, elle aussi, « éclaireuse », elle fût déportée au Camp d’extermination d’Auschwitz avec sa mère Yvonne et sa sœur Madeleine. Elle portait le matricule numéro 78651.
Simone Jacob raconte l’arrivée au camp d’extermination le 15 avril 1944, je cite : « Le convoi s’est immobilisé en pleine nuit. Avant même l’ouverture des portes, nous avons été assaillis par les cris des SS et les aboiements des chiens. Puis les projecteurs aveuglants, la rampe de débarquement, la scène avait un caractère irréel. On nous arrachait à l’horreur du voyage pour nous précipiter en plein cauchemar ».
Seuls ceux qui ont survécu peuvent témoigner du traumatisme de cette expérience.
Au camp, il fallait sauver sa peau. Mais pour Simone Jacob, il fallait aussi rester soudé avec sa famille et avec ses amies.
La chance, le hasard, le destin, tout se mêlait. Pour Simone Jacob, le destin ce fût cette chef de camp qui la trouva – je cite – « vraiment trop jolie pour mourir ici. Je vais faire quelque chose pour toi en t’envoyant ailleurs ». A quoi Simone Jacob répondit qu’elle ne partirait qu’avec sa mère et sa sœur Madeleine, leur offrant un répit dans l’horreur.
Un simple répit car il fallait encore survivre à la « marche de la mort », emmenés, à pas forcés, par les Allemands fuyant l’avancée de l’armée soviétique. Sa mère n’en réchappera pas. Son père et son frère Jean périront aussi en déportation.
Au sortir de la guerre, la famille Jacob est décimée. Restent Simone et ses sœurs, Madeleine et Denise.
A Auschwitz, Simone Jacob a rencontré celle qui va devenir sa meilleure amie pour la vie, Marceline Rosenberg. Cette dernière raconte la beauté de Simone Jacob, la cruauté des kapos, la solidarité des déportés.
Elle dit aussi, parlant d’elle et de Simone Jacob : « On avait le culot et l’optimisme de l’adolescence, la peur était présente, mais nous n’étions pas dominées par elle. On avait soif, on avait faim ensemble, et on chantait ».
C’est sans doute cet optimisme qui va aider Simone Jacob à survivre et à construire le destin qu’on lui connaît. Un optimisme « dénué d’illusions », comme elle le définira elle-même.
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L’optimisme plutôt que l’aigreur ou le goût de la revanche.
C’est cet optimisme, encore, qui lui fera souhaiter dès 1945 l’union des Nations européennes pour tourner la page d’un demi-siècle de combats fratricides.
« Dès mon retour des camps, dit-elle, j’étais convaincue que si nous ne faisions pas la paix cette fois avec les Allemands, nous étions bons pour une troisième guerre mondiale et des horreurs encore pires […]. Pour les générations futures, il fallait construire cette Entente qui, à mes yeux, ne devait pas se limiter à l’Allemagne et à la France. »
Construire l’avenir, ne pas se résigner à la fatalité, résister à la pente mortifère après avoir connu l’enfer sur terre : tel fût le combat de sa vie. Tous les engagements de Simone Veil portent la trace de cette rébellion dénuée d’illusions.
Ainsi, Simone Veil sera l’un des principaux architectes de la construction européenne, premier Président d’un Parlement européen élu au suffrage universel direct. C’était en juillet 1979, voici 40 ans. Dans cette fonction, elle imposa une autorité naturelle et s’efforça de donner au Parlement européen une plus grande visibilité et de renforcer son poids politique.
Simone Veil sera aussi, toute sa vie, une féministe engagée, même si elle n’aimait pas ce terme. Une féministe en acte, à sa manière, sans slogans.
Femme libre dans un milieu encore corseté, elle imposera son droit au travail dans une société patriarcale, et deviendra magistrate.
Femme libre dans un camp politique conservateur, elle défendra contre vents et marées le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse, texte à vocation sociale destiné prioritairement à protéger contre les dangers des avortements clandestins.
Ministre de la santé de 1974 à 1979, Ministre d’Etat – Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville – de 1993 à 1995 puis membre du Conseil Constitutionnel, Simone Veil ne fût pas seulement une personnalité politique, elle fût une femme d’Etat.
Elle en possédait toutes les vertus : une fidélité fondamentale aux valeurs inaliénables, un respect intangible de la personne humaine, une vision transpartisane des enjeux politiques, une réelle empathie à l’égard des plus faibles.
Elle incarnait aussi le combat contre l’extrême-droite.
Elle symbolisait parfaitement la devise de notre République – Liberté, égalité, fraternité, et incarnait comme peu de monde la figure symbolique de Marianne.
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Pierre-François VEIL, vous l’avez dit lors de l’hommage rendu à Simone VEIL aux Invalides, vous avez « partagé » votre mère avec la Nation. Votre père, vos deux frères, et vous-mêmes, avez accompagné et soutenu une femme d’Etat qui a fait beaucoup pour notre pays. Je tiens particulièrement à associer Antoine VEIL à l’hommage rendu, ce matin, à celle qui fut son épouse pendant 67 ans.
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En France, nombreux sont les lieux qui désormais portent le nom de Simone Veil. Mais à Vichy, cette démarche trouve un écho particulier.
Car c’est à Vichy que, pour des raisons de commodités, le Gouvernement en fuite choisit de s’installer.
Pourtant, Vichy n’avait rien demandé, rien sollicité.
C’est ici même, dans la salle de l’Opéra, que furent rassemblés les Parlementaires de la IIIème République qui, à une très forte majorité, ont soutenu Philippe Pétain.
C’est de Vichy qu’émergèrent les lois d’exception « portant statut des Juifs ».
C’est donc ici, à Vichy, que furent prises des décisions qui allaient changer le destin des Juifs de France, celui de Simone Veil et de sa famille.
A Vichy, il y eut, comme partout ailleurs, des résistants. Et ces « Justes parmi les Nations » que nous honorons aujourd’hui.
C’est aussi à Vichy que se leva la première résistance institutionnelle, par le refus de 80 parlementaires d’accorder les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain.
Donner au parvis de notre plus beau bâtiment le nom de Simone Veil, que tout oppose au régime de Pétain, c’est affirmer l’échec des idéologies de haine et la victoire de la République.
C’est aussi célébrer le parcours exceptionnel d’une femme qui, regardant vers l’avenir, n’abdiqua jamais.
A travers cette double inauguration, nous posons aujourd’hui des jalons pour demain. Des repères à destination des générations futures, pour qu’elles se souviennent qu’il fût un temps pas si lointain, au cours duquel l’Etat français sombra collectivement. Pour qu’elles entendent aussi le message d’espoir que nous envoient les Justes parmi les nations et, avec eux, Simone Veil.
Je vous remercie. »
Reportage France 3 Auvergne 11/09/2019
Centenaire de l’armistice 1914-1918 – 11 novembre 2018
La commémoration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 a réuni de nombreuses personnes. Après un recueillement au cimetière de Vichy, c’est au son de la Société Musicale qu’un cortège réunissant enfants des écoles vichyssoises, élus et personnalités, a descendu les rues de Vichy jusqu’au Monument aux morts pour la Cérémonie officielle. Lectures des lettres et missives de poilus, discours des élus, ravivage de la flamme, Marseillaise et Hymne européen chantés par les enfants des écoles et le Conservatoire de Vichy Communauté ont marqué cette cérémonie si particulière.
Discours de Frédéric AGUILERA
11 novembre 2018
Madame le Sous-préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants militaires et Présidents d’associations,
Chères Vichyssoises, chers Vichyssois,
Nous sommes réunis ce matin pour commémorer le centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale. Devant le monument où sont gravés les noms des 575 Vichyssois tombés au champ d’honneur.
Le lundi 11 novembre 1918, à 5 heures 15, l’armistice actant la fin du conflit, était signé en forêt de Compiègne.
Le cessez-le feu intervenait à 11 heures.
Dans son livre « La Peur », Gabriel Chevallier, alors âgé de 20 ans, témoigne de la manière dont l’évènement fût ressenti dans les tranchées.
Il écrit : « une rumeur monte de la vallée. Une autre lui répond de l’avant. C’est un jaillissement de cris dans les nefs de la forêt. Il semble que la terre exhale un long soupir. Il semble que, de nos épaules, tombe un poids énorme. Nos poitrines sont délivrées du cilice de l’angoisse : nous sommes définitivement sauvés. »
Ce jour-là, la France fêtait l’armistice. Mais, plutôt que la victoire, c’était la fin de quelque chose : la fin des combats et de l’enfer des tranchées ; la fin du sacrifice de notre jeunesse.
Dans la France traumatisée, commençait alors le long travail de mémoire de la nation reconnaissante.
C’est ce même travail de mémoire, qui nous réunit ici, un siècle plus tard.
Mais ces commémorations ont à Vichy, peut-être plus qu’ailleurs, une connotation particulière. Car le rôle de notre ville durant cette guerre n’est pas anodin.
De la fin du dix-neuvième siècle jusqu’à 1914, la ville connaît un essor sans précédent. Le pouvoir d’attraction du thermalisme joue à plein. Un vaste parc hôtelier voit le jour. Les curistes affluent pour profiter des eaux.
Cette double conjonction, entre les disponibilités hôtelières, et les bienfaits du thermalisme, va conduire Vichy à se transformer, en une ville-hôpital à part entière :
Plus de soixante hôtels deviennent des hôpitaux provisoires
11000 lits sont mis à disposition des blessés
On estime au total que près de 10% des soldats soignés pendant la Première guerre mondiale, l’ont été à Vichy, soit 120 000 hommes : le chiffre est considérable.
Combien de fois les Vichyssois, passants, aidants, soignants, ont-ils croisé les regards vertigineux de l’horreur ; de l’horreur qu’il ne fallait pas dire ; de l’horreur qu’il ne fallait pas entendre.
Cet engagement de Vichy au soutien de la nation constitue l’un des moments forts de notre histoire locale. Il trouvera toute sa place dans le futur Centre d’interprétation et de recherche historique que j’appelle de mes vœux.
Oui, nous pouvons, nous devons, être fiers de la contribution de Vichy au secours de la nation.
Ce « nous », je voudrais que les jeunes s’en emparent, et je leur dis :
Soyez fiers de l’engagement de Vichy aux côtés de nos armées, pour la liberté de la France.
Faites savoir autour de vous combien Vichy « Reine des Villes d’eaux » ne s’est pas dérobée quand il a fallu participer à l’effort national, entre 14 et 18.
Veillez à toujours entretenir le devoir de mémoire. Faites-vous les passeurs de notre histoire commune.
Souvenez-vous du sacrifice des générations qui, prises dans le feu d’une histoire chaotique, n’eurent pas le temps de vivre la chère liberté dont vous avez hérité.
Montrez-vous dignes de leur exemple en faisant preuve de courage dans tous vos engagements. Le courage, c’est une attitude, une façon d’appréhender le monde et de rejeter, autant que possible, compromissions et lâchetés.
Retenez les leçons de l’histoire, à commencer par celle que nous ont léguée les pères fondateurs de l’Europe : seule l’union de nos pays garantit l’entente et la paix sur notre vieux continent.
Vichyssoises, Vichyssois,
Le dernier des poilus est mort en 2008. Il s’appelait Lazare Ponticelli. Il racontait que, lorsqu’ils montaient à l’assaut, lui et ses camarades se faisaient la promesse suivante – je cite : « Si je meurs, tu penseras à moi. »
Un siècle a passé et cette supplique résonne encore à nos oreilles.
A ceux qui l’ont prononcée dans les tranchées baignées de violence, cernées par la mort qui rôde, notre présence nombreuse ce matin, offre la plus belle des réponses : nous n’avons jamais cessé de penser à vous.
Inauguration du square Michel Crespin- 17 octobre 2018
Frédéric Aguilera, aux côtés de nombreux officiels et de personnalités de la communauté juive, parmi lesquels, Serge Klarsfeld et son épouse, a inauguré, le 17 octobre 2018, le square « Michel Crespin », dénommé en mémoire du plus jeune déporté de l’Allier, mort à Auschwitz à 5 mois. De nombreux Vichyssois, représentants religieux, militaires et associatifs, les collégiens et professeurs de Saint-Dominique et des Célestins, étaient présents aux côté de la famille et de la communauté juive. Les musiciens du Conservatoire ont accompagné la cérémonie.
Discours de Frédéric AGUILERA
17 octobre 2018
Square Michel Crespin
Madame le Sous-Préfet, Monsieur le Vice-président du Conseil départemental délégué à la Mémoire, représentant Claude RIBOULET, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les représentants des cultes, Mesdames et Messieurs les Présidents d’association, Mesdames et Messieurs les représentants ainsi que les élèves des collèges de Vichy, Mesdames et Messieurs, C’est avec une émotion particulière, que je vous accueille ce matin, à Vichy pour l’inauguration officielle du Square Michel-Crespin.
Je veux avant toute chose saluer très chaleureusement les membres de la famille de Michel Crespin présents parmi nous, et les remercier d’avoir fait le déplacement pour honorer la mémoire de l’un des leurs.
A travers cette cérémonie, nous concrétisons une demande formulée par Serge Klarsfeld au nom de l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France. Une demande à laquelle les élus Vichyssois, à l’unanimité, ont choisi de répondre positivement lors du conseil municipal du 2 juillet dernier.
Pour nous tous, à Vichy, ce vote unanime allait de soi car il répondait à trois évidences. La première de ces évidences, c’est l’hommage qu’il nous faut rendre à la mémoire de Michel Crespin. A l’enfant qu’il était, aussi bien qu’à l’homme qu’il n’eut pas le temps de devenir. Michel Crespin était né à la veille de Noël, le 24 décembre 1943. Il vivait à Vichy, au numéro 32 de la rue Gambetta, avec sa mère Rosa, son père Abraham et sa grand-mère Golda. Comme eux, il fût victime de la barbarie nazie secondée par le gouvernement du Maréchal Pétain. Il périt en déportation à l’âge de 6 mois au camp d’extermination d’Auschwitz, à plus de 1500 kilomètres d’ici. Ce fût, vous l’avez dit, le plus jeune déporté du département de l’Allier et l’un des plus jeunes de France.
Une forme de sidération s’empare de nous à l’évocation du destin de cet enfant.
Donner le nom de Michel Crespin à un square de Vichy, c’est une façon pour nous, Vichyssois de 2018, de rappeler son terrible martyre. C’est une manière, aussi, de donner à son existence cet écho dont les barbares l’ont privé.
Les noms des barbares ne sont pas sur les murs de nos villes. Celui de Michel Crespin, si. La preuve que la lumière finit toujours par triompher, tôt ou tard, sur l’obscurantisme. Si nous avons accompagné l’installation d’une stèle sur le square Michel Crespin, c’est aussi parce que, justement, la mort de cet enfant nous rappelle le martyr du peuple juif, victime du nazisme et des décisions du gouvernement de l’Etat Français. Ce faisant, la France livra ses enfants à l’ennemi en abdiquant non seulement la protection qu’elle leur devait et en faisant fi de tout principe élémentaire d’humanité.
Cette stèle vient aussi rappeler que partout, à Vichy comme ailleurs, des Français ont été ostracisés, brimés, blessés, déportés, lâchement assassinés.
Oui, le gouvernement du Maréchal Pétain avait choisi de s’installer ici, sans être invité. Mais non, les Vichyssois ne sont pas responsables des carnages causés par ces hommes politiques contraints de fuir Paris.
La présence du gouvernement de l’Etat Français à Vichy a dégradé de manière profonde l’image de notre Ville. L’utilisation inappropriée de « Vichy » pour désigner un régime politique infamant est blessante pour tous les Vichyssois. Elle révèle l’incapacité que nous avons, en France, à regarder cette période en face. Une forme de déni. Une manière de dire : « ce n’était pas Paris, donc ce n’était pas la France ».
C’est cette seconde évidence qui a motivé notre volonté de donner à un square le nom du Vichyssois Michel Crespin. Pour réaffirmer que Vichy fût une ville victime comme les autres villes victimes.
Enfin, – troisième évidence – c’est le devoir de mémoire et l’importance d’ancrer sur notre territoire le souvenir de cette tragédie que fût la shoah.
Aujourd’hui plus qu’hier, il nous faut prendre le relais du travail des témoins dont l’ère n’est pas achevée.
Nombreuses sont les victimes du nazisme qui, partout en France, racontent quelques années de leur vie personnelle, font passer en quelques mots des histoires oubliées, des anecdotes poignantes, évoquent un passé qui appartient à tous. Vichy travaille désormais à la création d’un centre d’interprétation historique dans le cadre de notre candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce centre, présentera toute l’histoire de Vichy et bien sûr, nous n’occulterons pas les années durant lesquelles le gouvernement a occupé notre cité.
Comme le rappelait Jacques Chirac en 1995 – je cite : « Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’homme, de sa liberté et de sa dignité ».
Je veux d’ailleurs souligner le rôle éminent joué par les époux Klarsfeld (que je remercie sincèrement de leurs présences) pour l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et la prévention du génocide.
Votre engagement, celui de toute une vie, a été salué il y a une semaine par le Président de la République, qui vous a faits, l’un et l’autre, Grand Croix et Grand Officier de l’Ordre du mérite. Il est difficile, pour la Nation comme pour nous, de vous rendre un plus bel hommage.
Je tiens enfin à remercier François DEMAEGDT et son association, les Amis de la Fondation pour la Mémoire des Déportés. Recherche, transmission, vigilance, commémoration : autant de missions historiques, laïques et citoyennes que nous partageons.
Merci également à l’Association cultuelle israélite de Vichy et ses environs, et sa Présidente Michele LONDON, ainsi que Samuel MECHOULAN, à qui nous devons beaucoup pour l’implantation de la stèle.
Une stèle, que nous devons à Marc Joseph, et je l’en remercie.
J’ai aussi une pensée enfin pour Hubert PERETZ, qui nous a malheureusement quittés et qui a initié ce projet aux côtés des trois autres associations, en tant que Président local de la Fondation Anne Frank.
Chacun à votre manière, avec ce souci constant de faire vivre la mémoire de la déportation, vous avez rendu possible la mise en lumière de Michel Crespin à tel point que, de manière forcément symbolique, nous avons un peu le sentiment de l’accueillir à nouveau chez lui, à Vichy, d’où il fût arraché voici 74 ans.
Michel Crespin n’aura vécu que deux saisons. Mais son souvenir est désormais inscrit dans la ville où il va s’épanouir durant de longues années, déployant avec lui la mémoire d’une tragédie dont il faut craindre, toujours, les résurgences, dans notre monde incertain menacé par tous les extrémismes.
Souvenons-nous de ces victimes de la haine raciale.
Je vous remercie.
Tribune de Frédéric AGUILERA « 80 ans après, Stop au déni Français » du 1er juillet 2020
En juillet 1940, le gouvernement français s’installait à Vichy. 80 ans plus tard, l’actuel maire de la ville, Frédéric Aguilera (LR), prend la plume, le temps d’une tribune, pour rappeler l’État à la reconnaissance de sa responsabilité.
Il y a 80 ans, Vichy devenait la capitale de l’Etat Français. Un fait doublement imposé : à l’Etat, par l’avancée allemande sur Paris ; aux Vichyssois, par le choix du gouvernement de s’implanter dans leur ville.
Depuis, l’Etat s’est chargé de laver son honneur en mettant à distance ses pires compromissions. Il n’a pas hésité à sacrifier la ville qui l’avait accueilli, alors même que le Général De Gaulle affirmait : « Vichy, qui n’eut point à choisir, de 1940 à 1944, son destin, ne saurait accepter d’être associée à la déchéance du gouvernement qui lui fut alors arbitrairement imposé.»
Vichy était une proie facile. Située loin des centres de décision et des enjeux du moment, la ville possédait – dans l’esprit des gouvernants – les atouts suffisants pour incarner la culpabilité de tout un peuple. Pour sauver les apparences et refonder la nation, la IVème République a écrit un récit historique dédouanant l’Etat.
Notre cité thermale est donc devenue la victime expiatoire d’une France vivant dans le déni autour d’un postulat simple : « C’était à Vichy donc ce n’était pas la France ».
Il faudra attendre les années 90, soit près de 50 ans, pour que l’Etat accepte enfin sa responsabilité dans la collaboration et la tragédie que fût l’extermination des juifs. L’acte fondateur, courageux, fût posé par le Président Chirac le 16 juillet 1995 : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».
Et pourtant, le déni persiste. Le nom de Vichy reste associé à la honte française. Depuis plus de 40 ans, pas un seul Président en exercice n’a visité Vichy. Aucun Président de la Vème République dans le cadre d’une visite mémorielle. Cette indifférence traduit un vrai mépris à l’égard d’une population chargée d’endosser seule le fardeau d’une histoire nationale.
Il est grand temps que cela cesse. Grand temps que la France regarde son histoire en face et remplisse son devoir de mémoire sur la période 1940-1945. A cet égard, l’affirmation claire et systématique de la responsabilité de « l’Etat Français et de son gouvernement » et non du « Régime de Vichy » serait une avancée bienvenue.
A Vichy, nous n’avons pas peur de mener le combat du devoir de mémoire.
Dans le cadre de notre candidature transnationale pour une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous allons créer un vaste espace muséographique doté d’un centre de recherche pour raconter les 2000 ans de notre histoire prestigieuse. La période de l’occupation y occupera une place prépondérante. Le rôle exact joué par les autorités françaises y sera expliqué.
Nous prendrons donc notre part. A l’Etat, maintenant, de prendre la sienne. Car il est inenvisageable que nous portions seuls cette mission pour le compte de la nation. Je demande solennellement à l’Etat de nous accompagner dans cette démarche, et de reconnaître enfin le statut de victime de notre ville injustement marquée au fer rouge depuis 80 ans.
Jacques CHIRAC rappelait : « Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. (…) Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions ».
Oui, il faut trouver les « mots justes pour rappeler l’horreur » car il n’est pas d’avenir serein sans passé assumé. Mais la France aura-t-elle le courage d’en finir avec son déni ?
Je vous remercie.
Communiqués de presse : Le Maire de Vichy à Jérusalem pour la journée du souvenir pour la Shoah : une symbolique forte pour Vichy
Le Maire de Vichy, Frédéric Aguilera, s’est rendu à Jérusalem en Israël, pour les cérémonies de Yom HaShoah « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme », avec le Comité français pour Yad Vashem. Un voyage avec une symbolique forte pour la Ville de Vichy.
A Jérusalem, pendant 4 jours, Frédéric Aguilera a participé à de nombreuses commémorations et des rencontres officielles dans le cadre de Yom HaShoah « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme ».
Ce voyage était organisé par le Comité français pour Yad Vashem, présidé par Pierre-François Veil. La délégation était composée d’une dizaine de Maires français.
L’un des temps forts fut certainement le recueillement et le dépôt de gerbe par Pierre-François Veil et le Maire de Vichy au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem. « Un moment extrêmement chargé en émotion » pour Frédéric Aguilera.
La délégation a également participé aux commémorations officielles en présence du Président de l’Etat d’Israël et du Premier Ministre. Une commémoration durant laquelle 6 rescapés de la Shoah ont témoigné et allumé 6 flambeaux en mémoire des 6 millions de victimes de la Shoah.
Enfin, la délégation a rencontré l’Ambassadeur de France en Israël : l’occasion de d’échanger sur la situation géopolitique de cette région du monde.
Ce voyage s’inscrit dans la politique mémorielle de la Ville qui vise à transmettre la mémoire de cette période qui a profondément marqué le XXe siècle et l’histoire de la Ville de Vichy.
C’est la première fois que la Ville de Vichy est représentée lors de ces cérémonies et cette participation revêt un caractère très particulier.