BRUSINI 2.jpg

Interview - Hervé Brusini

Publié le 20/10/2023

Interview - Hervé Brusini

Créé en 1933 par Florise Londres, la fille du célèbre journaliste Albert Londres, le prix qui porte son nom sera remis le 27 novembre à Vichy, après un week-end d’animations autour d’ateliers, exposition, conférences, rencontres avec les scolaires... Le Président du prix, le journaliste Hervé Brusini, lui-même lauréat en 1991, répond à nos questions.

Le prix Albert-Londres fête ses 90 ans cette année et sera décerné à Vichy, ville natale du célèbre journaliste disparu en 1932. Comment cet anniversaire sera fêté ?

Le prix Albert-Londres sera décerné au soir du 27 novembre après deux jours de rencontres et de débats. Nous allons revisiter ces 90 années d’histoire du prix en écoutant des journalistes qui liront des articles primés depuis 1933. L’occasion de survoler un patrimoine journalistique peu connu et de mesurer l’évolution des regards journalistiques, des styles, des préoccupations. Nous allons passer en revue le journalisme à travers ces 90 ans et valoriser les fondamentaux de la profession : le reportage de terrain, l’enquête, le questionnement, l’engagement et l’indépendance.
Notre présence à Vichy cette année est liée à ces fondamentaux. C’est aussi le lieu de naissance d’Albert Londres et le lieu où a vécu sa fille, Florise. Avec trois journalistes, elle est à l’origine du prix un an après la mort de son père. À un moment de doute profond sur l’information et de questionnement sur la vérité, il faut se souvenir que le journalisme est branché sur l’histoire, sur une société. 
Comment en est-on arrivé aujourd’hui à de telles difficultés sur la véracité des discours ? À la rencontre avec le public, nous allons essayer de comprendre ce qui arrive.En des temps de guerre et de propagande comme le nôtre, comment lutter contre la
désinformation alors que le mensonge est érigé en système de gouvernement ?
C’est notre devoir à tous, journalistes et public, de débattre de ce point, de s’interroger sur les responsabilités des uns et des autres. Et il y a quelque chose de très fort à être présent à Vichy, lieu de désinformation majeure sous l’Occupation.

 

Le prix Albert-Londres à Vichy, c’est une première ?

Non, il y a déjà eu un prix remis à Vichy en 1982 à Christine Clerc. La journaliste politique, deuxième femme primée, était lauréate pour son recueil Le Bonheur d’être Français. La toute première femme primée avait été la Résistante Alix d’Unienville en 1950 pour son récit de voyages intitulé En vol. Journal d’une hôtesse de l’air, publié en 1949.

 

Quels sont les critères d’attribution du prix ?

Il y a deux conditions : avoir moins de 40 ans et être francophone.  Ce ne sont pas forcément les chefs des rédactions qui proposent les candidats au prix. Les journalistes free-lance peuvent aussi être en lice. Le prix se décline en trois catégories. Tout d’abord, le prix de la presse écrite, celui créé à l’origine en 1933. Le prix de l’audiovisuel, instauré en 1985 et depuis 2017, le prix du livre. À l’avenir, nous envisageons de nous ouvrir à d’autres techniques. Et nous ferons des annonces en ce sens lors de l’attribution du prochain prix.
Cette année, nous avons 70 candidats pour la presse écrite, une cinquantaine pour l’audiovisuel et 27 pour le livre. Il faut tout voir, tout lire. Nous le faisons avec rigueur. Bien que nous soyons une structure artisanale avec un jury qui œuvre à titre gratuit.

 

Vous êtes président du Prix-Albert Londres depuis 2020. Vous-même,journaliste, avez été lauréat du prix. Que représente-t-il pour vous ?

Fils unique, je suis né à Saint-Quentin. Mon père était immigré italien et ma mère, à la maison. Je suis allé vers ce métier avec beaucoup d’inconscience et beaucoup de scrupules, avec le sentiment que ce n’était pas gagné du tout. Et je ne savais pas si je méritais de le faire.  C’était incroyable pour moi que ce prix Albert-Londres reçu en 1991. Et c’est incroyable aujourd’hui encore comme président du prix. 
Mon état d’esprit est celui-là, de toujours faire ses preuves. Pour moi, la position assise ne ressemble pas au journalisme.