La médiathèque Valery-Larbaud célèbrera avec son public son trentième anniversaire cet automne.
Tout en conservant le livre comme fil rouge, l’institution s’est muée en un lieu de culture, d’échanges, en phase avec son époque.
Qui se souvient encore du bar Le Corsaire dont l’enseigne pirate narguait le collège des Célestins qui lui faisait face au début des années 1980 ? Le 26 novembre 1985, la médiathèque Valery-Larbaud lui soufflait la place et ouvrait ses portes au 106-110 rue Maréchal-Lyautey. L’année précédente, l’ancienne bibliothèque municipale, à bout de souffle, avait enregistré une fréquentation record de 25 000 entrées. En 2014, elles ont été 145 615, soit près de six fois plus. Paradoxalement, le nombre d’abonnés n’a pas connu la même envolée. Les «emprunteurs actifs», dont 60 % de Vichyssois, étaient 5 151 l’an passé, à peine deux fois plus qu’il y a trente ans : «Nous accueillons un important public qui n’est pas abonné», précise Isabelle Minard, directrice de l’établissement. «Toutes nos animations sont gratuites, sauf l’atelier de loisirs créatifs, accessible pour la somme symbolique de trois euros. Cette volonté a favorisé le développement et le succès de la médiathèque». La médiathèque Valery-Larbaud résiste plutôt bien au mouvement général de désertion des bibliothèques. Ses publics papillonnent d’un sujet à un autre, picorent ? Elle s’adapte et modifie ses pratiques en conséquence tout en restant un lieu où l’on promeut la connaissance et l’apprentissage.
Le livre a perdu sa sacralité. Le rapport à la littérature a changé*. Fait inimaginable en 1985, les encyclopédies et les auteurs grecs et latins ont été remisés dans les réserves, «le silo», comme tout ouvrage subissant le désamour des usagers. «Cinquante nuances de Grey», romance érotique écrite par la Britannique E. L. James, après moult réflexions, demandes insistantes et réservations des lecteurs, a fait son entrée dans les rayonnages. Le débat n’a pas été moins passionné que celui qui avait précédé, au cœur des années 1980, l’introduction de la bande dessinée pour adultes, un des rayons parmi les plus prisés du lectorat actuel avec celui de la presse, deux cent cinquante titres en accès libre, de «La Montagne» à «La Revue des Deux Mondes», une constante depuis l’ouverture du lieu. Le secteur de la presse jeunesse, très prisé des parents, n’est pas en reste.
L’arrivée du multimédia a bouleversé les usages. Des postes de consultation internet sont à disposition du public dans la salle d’étude et l’espace jeunesse, bridés dans ce dernier cas. Des ateliers pratiques ont été mis en place à destination des personnes, bien souvent des seniors, en demande. Chaque initiative est portée par des personnels passionnés par leur mission, polyvalents tout en étant hyper pointus dans leur domaine. Depuis septembre, la formation à Windows 10 a succédé à celle de Windows 8. «La bibliothèque est aussi un lieu de rencontre», précise Stéphanie, responsable de la salle d’étude. La médiathèque a par exemple ouvert, en 2012, un espace de jeux vidéo, avec la volonté d’amener les adolescents, grands absents des lieux, à renouer avec elle. Le prêt de tablettes, de liseuses, la création de blogs par thématique participent à ce mouvement. La médiathèque Valery-Larbaud est un site où le monde entre à travers internet, des ciné-concerts, des cafés musicaux, des expositions, des rendez-vous jeune public et un prix littéraire dit «Des Incorrigibles». Trente ans après sa création, il faudrait déjà pousser les murs. Les réserves craquent, les pratiques évoluent encore et toujours. La médiathèque est assurément un lieu vivant.
* Voir «Spécial rentrée littéraire, le dossier», Telerama 3423, 19 sept. 2015.
Danses, chansons, lectures, votre médiathèque n’a pas fini de vous surprendre.
Venez souffler les bougies à l’occasion d’une journée festive et insolite… et partager le gâteau d’anniversaire !