10 juillet 2023 - Cérémonie en l'honneur des 80 parlementaires

La cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pleins pouvoirs constituants au Gouvernement Pétain, le 10 juillet 1940 à Vichy s'est tenu ce matin. Après des dépôts de gerbes sur le parvis du Palais des congrès-Opéra, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy et Joseph BLETHON, Président du Comité en l'Honneur des 80, Bruno ROJOUAN, Sénateur de l’Allier représentant Gérard LARCHER, Président du Sénat, Nicolas RAY, Député de la 3ème circonscription de l’Allier représentant Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale, Pascale TRIMBACH, Préfète de l'Allier, entre autres, ont pris la parole devant une assemblée composée d’officiels et de descendants des 80 parlementaires.

 

 

 

Discours de Frédéric Aguilera
à l’occasion du 83e anniversaire du vote des 80 parlementaires
qui ont refusé l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain
Vichy, le 10 juillet 2023


Madame la Préfète,

Monsieur le Député,

Monsieur le Sénateur,

Mesdames et Messieurs les élus régionaux, départementaux et municipaux,

Monsieur le Président du «Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia», mon cher Joseph BLETHON

Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,

Mesdames et Messieurs,

 

Ce matin, comme tous les 10 juillet, c’est notre attachement à la République que nous célébrons en rendant hommage à la mémoire des 80 parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain.

La République française qui, aux yeux de nombreux partisans de Pétain, était une organisation politique qui avait provoqué la « décadence du pays », laissa place, dans l’article unique voté en ce 10 juillet 1940, à « l’Etat français » nouveau nom de ce régime qui restera le symbole des heures sombres et du déshonneur de notre Nation.

Par cet acte de « résistance institutionnelle », les 80 parlementaires ont montré leur loyauté à notre histoire politique et exprimé ce que le Général de Gaulle rappela en juillet 1944. Je cite : « Dans l'ordre politique, nous avons choisi. Nous avons choisi la démocratie et la République. » 

Ce refus était un acte courageux : c’était, non seulement, prendre le risque de se voir rejeter de la sphère publique, voire parfois familiale, mais également d’assombrir son avenir. Beaucoup rentrèrent dans la résistance, et certains d’entre eux moururent en déportation.

Ce 10 juillet 1940, Léon Blum, alors député de l’Aude, se souvient, je cite : «J'ai vu là, pendant deux jours, des hommes s'altérer, se corrompre comme à vue d'œil, comme si on les avait plongés dans un bain toxique. Ce qui agissait, c'était la peur : la peur des bandes de Doriot dans la rue, la peur des soldats de Weygand à Clermont-Ferrand, la peur des Allemands qui étaient à Moulins. ».

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Madame La Préfète,

Depuis 6 ans, j’ai souhaité que nous abordions autrement les questions mémorielles dans notre ville. J’ai souhaité emprunter une ligne de crête complexe : refuser que notre ville soit résumée et amalgamée à 4 années d’une histoire qui la dépasse ; et, dans le même temps, assumer fortement ce devoir de transmission sur « ce passé qui ne passe pas » dans notre pays.

Je vous remercie, Madame, d’avoir compris et rapidement porté notre approche, avec diplomatie, auprès du Gouvernement.

Comme je tiens à remercier notre Député, pour son amendement récent, pour empêcher la stigmatisation de notre ville.

28 ans après, la France doit enfin totalement assumer l’héritage du discours du Président Chirac du Vel d’Hiv. Nos dirigeants nationaux doivent comprendre que nous souhaitons travailler avec eux sur cet impérieux et urgent devoir de transmission.

Car oui, le combat des 80 parlementaires est plus que jamais d’actualité. Oui notre République est fragilisée par les populistes qui alimentent le désordre dans notre société. Ce même désordre qui nourrit les populistes de l’autre rive.  

Le sens de ce vote du 10 juillet 1940 sur la fragilité de notre République, le Président Chirac le rappelait régulièrement. Je cite : «Ce que nous enseignent aussi l'effondrement de la République en juin 1940, l'illusion tragique du recours à Pétain et le déshonneur de son régime, c'est à quel point une nation est fragile. Dans le confort de nos certitudes d'aujourd'hui, beaucoup ont le sentiment que la France est éternelle, que la démocratie est naturelle, que la solidarité et la fraternité peuvent se résumer au système de sécurité sociale.». Fin de citation

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À Vichy, tous les 10 juillet, nous soulignons notre attachement à nos institutions. Nous soulignons que dans les périodes troublées, la République, ses principes et ses valeurs peuvent disparaitre par un simple vote.

À Vichy, tous les 10 juillet, c’est un sursaut républicain qui nous rassemble.

La France n'est jamais autant elle-même, fidèle à son histoire, à sa destinée, à son image, que lorsqu'elle est unie autour de ses valeurs qui ont pour nom : liberté, égalité, fraternité.

Comme l’écrivaient Jean Sagne et Jean Marielle, les 80 parlementaires rappellent à chacun la fragilité de la liberté et l’honneur de la politique.

C’est aujourd’hui, à notre génération, d’assumer cet honneur.

Pour leur courage, leur lucidité, leurs valeurs humanistes et républicaines, en tant que responsables politiques, nous devons nous inspirer de ces 80 parlementaires qui furent l’Honneur de la République, à nous de leur être fidèles.

Pour conclure, je souhaite à nouveau citer Léon Blum qui dans «À l'échelle humaine», résume parfaitement les valeurs que nous célébrons aujourd’hui, je cite : «L'expérience enseigne qu'aux moments redoutables de sa vie l'homme ne la sauve qu'en la risquant.»

Mesdames, Messieurs,

Vive Vichy,

Vive la République,

Vive la France.