Inauguration du Monument à la Résistance et 80 ans de la Libération de Vichy

Pour revenir sur cette page de notre Histoire et en hommage aux libérateurs de Vichy, a eu lieu le26 août 2024 un défilé militaire et civil sur le parcours historique du 26 août 1944, en présence des associations patriotiques de la région, et de nombreux véhicules anciens. Dans ce cadre, le Maire de Vichy a tenu un discours et a inauguré le monument à la résistance, place Charles-de-Gaulle.  

 

 

 

26 août 2024
Place Charles-de-Gaulle


Madame la Préfète,

Monsieur le Député,

Monsieur le Sénateur,

Madame la Conseillère régionale représentant la Présidente par intérim de la région Auvergne-Rhône-Alpes,

Madame la Conseillère départementale représentant le Président du Conseil départemental de l’Allier,

Mesdames et Messieurs les Maires, 

Mesdames et Messieurs les élus,

Madame la Consule générale de Suisse à Lyon,

Monsieur le Président de la Fondation de la Résistance,

Monsieur le Président de la Société des Amis de Georges Clemenceau et de Georges Mandel,

Monsieur Richard Heil,

Madame et Monsieur François,

Mesdames et Messieurs représentant des associations patriotiques, 

Mesdames et Messieurs les portes drapeaux, 

Monsieur Lucien SECHAUD, résistant cussétois, engagé dans les combats de la Libération, merci pour votre présence aujourd’hui, 

Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,

Mesdames et Messieurs,

 

Le Dimanche 30 juin 1940, sur convocation du général WEYGAND et de Pierre LAVAL, Pierre-Victor Léger, alors Maire de Vichy est convoqué à Clermont-Ferrand pour lui annoncer que le gouvernement Français va s’installer à Vichy.

 

Dans son agenda, il écrit, je cite : « Ils m’annoncèrent l’abandon de Clermont et le transport à Vichy 

du gouvernement, 

du Parlement, 

du Président de la République. 

Nécessité de réquisitionner des hôtels et les libérer de leurs clients. Décision immédiate. Ces hôtels seront libérés à partir du 1er juillet, 12h » (fin de citation)

 

Dans un pays en guerre, la Reine des Villes d’Eaux voit alors son destin basculer. 

 

Notre ville est pendant 4 ans, le théâtre d’une classe politique qui multiplia les compromissions et qui enterra nos valeurs humanistes.

 

L’un des points de départ de cette terrible pièce, fut joué le 10 juillet 1940, au sein du Grand Casino réaménagé en Assemblée Nationale, où une révision de la constitution donna les pleins pouvoirs à Pétain et où seulement 80 parlementaires s’y opposèrent.

 

Ce 10 juillet 1940, la République était sacrifiée, cédant la place à un État français autoritaire, liberticide, antisémite… pour satisfaire l’occupant Nazi, dans un esprit de collaboration zélé. 

 

Dans cette France occupée, Vichy avait donc une place particulière. Une place qui deviendra un fardeau que nous portons toujours 80 ans après. Vichy reste la victime expiatoire d’une histoire nationale qui ne passe pas. Vichy est victime de cette guerre. Une Victime, qu’un mauvais usage sémantique, fait passer pour un bourreau. 

 

80 ans après, notre devoir est donc d’expliquer, d’analyser, de transmettre la réalité historique. 

 

Transmettre, rappeler aux jeunes générations, c’est bien le sens des nombreuses actions mémorielles que nous menons depuis plusieurs années. Vichy regarde son passé en face quand la France peine encore à assumer. Comme le démontre les débats que suscite, 29 ans après, le discours du Vel d’hiv du Président Chirac. 

 

Agir pour le Devoir de mémoire, C’est aussi la raison pour laquelle , avec le Conseil municipal, nous avons souhaité, ici, sur cette place du général de Gaulle, marquer ce 80e anniversaire de la Libération de Vichy avec un Monument en hommage à la Résistance et au Général de Gaulle. 

 

Je remercie les artistes Marion et Patrick François pour leur création artistique qui a séduit le jury qui a retenu cette œuvre. 

 

Son emplacement au cœur de notre ville rappellera quotidiennement aux nombreux passants que Vichy fut une terre de résistance. 

 

Son emplacement, a aussi un sens historique avec, entre autres, cette poste dont le rôle fut central pour choisir Vichy comme capitale et aussi à proximité de notre Hôtel de Ville devant lequel le général de Gaulle prononça un discours le 17 avril 1959, lors d’une visite officielle.

 

Le Général de Gaulle qui rappellera à une autre occasion je cite : « Vichy, qui n’eut point à choisir de 1940 à 1944 son destin, ne saurait accepter d’être associée à la déchéance du gouvernement qui lui fut alors arbitrairement imposée ».

 

Aujourd’hui, nous fêtons la libération de Vichy, nous inaugurons un monument pour la Résistance mais nous baptisons aussi les rues adjacentes de cette place du Général De Gaulle, du nom de résistants Vichyssois et plus particulièrement de résistantes. Ces femmes trop souvent invisibilisées alors que leurs actions et leur courage furent déterminants. Tout comme le sont aujourd’hui les femmes à la tête de la résistance iranienne. 

 

Parce que l’injustice leur était insoutenable, parce qu’ils croyaient en la République, parce qu’ils chérissaient la démocratie, l’engagement de nos résistants, parfois au péril de leur vie, nous oblige. 

 

Hélène et Gaston Regnier, boulangers, 

Marie-Jeanne Bouteille, institutrice, 

Francisque Driffort, commis au Trésor, 

Marie-Marcelle Viraud, secrétaire médicale, 

Alice Arteil, Lieutenant de la Résistance intérieure française, 

Yvette Poucy et Yvonne Moreau, agents de renseignements aux côtés de Marc Juge,

Leurs noms sont désormais inscrits sur nos murs.

 

Cette journée est aussi l’occasion de rendre un hommage particulier à Georges Mandel, homme d’état trop souvent méconnu, incarnation de la tradition républicaine et de la résistance à l’occupant. Son nom est dorénavant gravé dans ce square qui jouxte cette poste qu’il inaugura le 13 octobre 1935.

 

Nous sommes ici dans le cœur administratif de notre ville, siège d’institutions qui font vivre la démocratie locale et nous sommes donc, dorénavant, aussi au cœur d’un vaste espace de mémoire. 

 

Espérons que les décideurs politiques qui ne manqueront pas de fréquenter ce secteur, s’inspireront des valeurs exemplaires de ces femmes et de ces hommes.

Force est de constater qu’une partie du monde politique actuel semble oublier qu’il doit être le garant des valeurs humanistes pour lesquelles de nombreux résistants ont perdu la vie. 

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80 ans après cette libération, souvenons-nous. 

Le 26 août 1944, Vichy se réveille libre : les rues de Paris et Georges-Clemenceau sont noires de monde ; des drapeaux alliés flottent à l’hôtel du Parc ; aux Quatre-Chemins, une banderole en l’honneur du général De Gaulle est installée. 

Le 26 août 1944, les Vichyssois reprennent possession de leur cité thermale, effacent les traces de l’occupant, brûlent les documents de propagande, retirent les enseignes des bâtiments occupés.

Le 26 août 1944, partout en ville, des airs entraînants résonnent, les ovations de la foule font écho, Vichy est libérée et ses habitants, asphyxiés pendant quatre longues années, reprennent vie.

 

Comment parler de la libération de Vichy sans évoquer le nom de Walter Stucki. 

En août 1944, grâce à l’intervention de Walter Stucki, Ambassadeur de Suisse en France, la Ville de Vichy est sauvée de la destruction par l’occupant allemand. Notre ville lui doit tellement. 

 

Avant de conclure, je souhaite remercier les contributeurs financiers à la réalisation de ce monument : la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’État et saluer le don du Docteur Richard Heil, médecin de Mannheim, en Allemagne, qui, par son geste et sa présence aujourd’hui, incarne la réconciliation entre nos peuples et cette fraternité, désormais devenue un pilier de notre construction européenne. 

Cette Europe qui est un héritage fort de cette période. Une Europe que nous nous devons de chérir surtout au moment où la guerre frappe notre continent. 

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Mesdames, messieurs, 

En célébrant avec fierté le 80e anniversaire de la libération de la France, nous célébrons un moment charnière de notre histoire qui symbolise le triomphe de la liberté sur l'oppression. 

Nous célébrons, des hommes et des femmes courageux qui se sont levés pour défendre des valeurs fondamentales. 

Aujourd’hui, Rendons hommage à cet héritage.

Ayons conscience que la liberté et la démocratie sont menacées à travers le monde par des régimes autoritaires, tandis que dans nos nations le populisme et la xénophobie gagnent du terrain. 

Face à ces défis, la résistance émerge comme une valeur essentielle car la lutte pour la démocratie ne se limite pas à un moment historique ; elle est un combat continu qui nécessite notre vigilance et notre détermination.

 

En cette année de célébration, 

Engageons-nous à préserver et à promouvoir les valeurs de liberté et de justice. 

Rappelons-nous que la résilience et l'unité sont nos meilleures armes contre l'oppression, et que, tout comme nos aînés l'ont fait, nous devons être prêts à agir pour protéger les droits de tous. 

Ensemble, honorons notre passé pour inspirer notre avenir, car la résistance est plus qu'un devoir, c'est une promesse envers les générations futures.

Vive Vichy. 

Vive la République. 

Vive la France.