Visite du Président de la République à Vichy

Mercredi 8 décembre, Frédéric Aguilera, Maire de Vichy, accueillait le Président de la République Emmanuel Macron en visite officielle dans l’Allier.Depuis le Hall des Sources, Frédéric Aguilera a présenté la stratégie de la Ville de Vichy pour redevenir « La Reine des Villes d’Eaux ». Afin de redevenir une destination thermale et touristique de référence en Europe, la Ville et ses partenaires investiront dans trois domaines : le thermalisme, le sport et le patrimoine. Lors de cet échange, il a notamment été question du programme de restauration du Parc des Sources, redevenu le 5 mars 2021, propriété de la Ville de Vichy avec l’ensemble du domaine thermal.

Tournée vers l’avenir, la Ville de Vichy ne veut pas porter, seule et injustement, le poids de l’histoire entre 1940 et 1944. C’est le second message que Frédéric Aguilera tenait à réaffirmer devant le Président de la République en lui remettant symboliquement la délibération du Conseil Municipal de Vichy du 20 novembre 1944 demandant de ne plus stigmatiser le nom Vichy. A cette occasion, Le Maire de Vichy a souhaité que l’Etat puisse accompagner la Ville dans la création d’un Musée consacré à ses 2000 ans d’histoire dont une partie sera consacrée au régime de Pétain et à la collaboration de l’Etat Français.
Au cours de cette visite officielle, le Président de la République s’est recueilli en présence des époux Klarsfeld, devant la stèle commémorant les victimes de la rafle du Vel d'Hiv du 26 août 1942, puis sur le parvis de l’Opéra, devant la plaque en hommage aux 80 parlementaires ayant refusé, le 10 juillet 1940, de voter les pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain.
La visite s’est poursuivie par des échanges avec les Vichyssois, rue Wilson, puis par une rencontre avec des associations locales.

 

8 décembre 2021
Hall des Sources


Monsieur le Président,

Merci d’avoir répondu à l’invitation des Vichyssoises et des Vichyssois.

C’est un honneur de vous accueillir.

Un honneur car, à Vichy, les visites Présidentielles sont rares.

Un honneur, car cette visite vient couronner une année 2021 historique pour Vichy.

Historique, du fait du transfert du domaine thermal, que nous attendions depuis des décennies. Il y a quelques mois encore, vous étiez chez vous, dans ce hall des Sources ;

Historique, du fait de l’inscription de Vichy au patrimoine mondial de l’UNESCO avec nos partenaires européens des « Grandes villes d’eaux d’Europe ».

C’est un honneur de vous accueillir car vous êtes venu parler de l’avenir de notre ville.

Un honneur, enfin, car le parcours mémoriel que vous allez réaliser démontre votre souhait de nous accompagner dans notre démarche pour réhabiliter notre nom.


Monsieur Le Président,

Nous souhaitons vous présenter notre stratégie pour que Vichy redevienne la « Reine des villes d’Eaux », pour qu’elle redevienne une destination thermale et touristique de référence à l’échelle européenne.

 Pour cela nous investissons sur 3 thématiques : le sport, le thermalisme, le patrimoine.

  • Pour le sport, nous allons renforcer notre positionnement comme destination pour le haut niveau, ainsi que pour les grands événements. Nous sommes heureux d’être le territoire où les sportifs internationaux pourront préparer le plus grand nombre de disciplines dans la perspective des JO 2024 et nous sommes fiers d’accueillir régulièrement des rendez-vous d’envergure mondiale. D’ailleurs, je tiens à souligner qu’après Brisbane, c’est à Vichy que se dérouleront les Global Games, en 2023.
  • Notre deuxième ambition est d’affirmer le rayonnement thermal de Vichy et son positionnement autour de la santé et de la prévention. C’est l’objet du projet « Accélération 2030 » que nous allons vous présenter dans un instant.
  • Enfin, à la suite de notre inscription sur la liste du patrimoine mondial, il est urgent de restaurer notre patrimoine, à l’image de ce parc des Sources, poumon de 6 hectares en cœur de ville, de la taille de la place Saint-Marc, à Venise. C’est le cœur du bien UNESCO. Là aussi nous vous présenterons dans un instant notre projet.

Ces 3 thématiques représentent près de 200 millions d’euros d’investissement que nous mobilisons, avec nos partenaires, dont l’Etat.

Si nous avons cette ambition forte, c’est que nous aimons notre ville, nous aimons notre patrimoine, nous sommes fiers de nos 2000 ans d'histoire et nous croyons en notre avenir.


Monsieur Le Président,

Vous le voyez, nous ne manquons pas d’énergie pour Vichy. Nous sommes résolument tournés vers l’avenir.

Pourtant, un boulet sémantique continue, encore et toujours, de lester l’envol de notre ville. Un boulet lourd de quatre années de plomb. Nous mesurons quotidiennement, à Vichy, ce qu’est le poids des mots. Le poids d’une stigmatisation injuste.

Vichy reste associée à la honte française.

Vichy est la honte française.

Vichy est LA victime expiatoire d’un pays qui a du mal à regarder son passé en face.

L’expression « Régime de Vichy » était, après-guerre, un moyen de favoriser l’unité du pays et protéger l’image de la France.

Pourtant, 80 ans après, cette unité est retrouvée et, depuis, un long processus de reconnaissance a été enclenché par des combattants de la vérité, comme les époux Klarsfeld, dont je salue la présence aujourd’hui à Vichy, ou encore Simone Veil.

Ce combat s’est traduit dans le discours du Président Jacques Chirac en 1995, lors des commémorations de la rafle Vel d’hiv’. Discours qui restera gravé dans l’histoire de France et dans le cœur des Vichyssois.

Ces propos mettaient un terme à 50 ans de déni officiel, 50 années d’une réécriture historique qui voulait faire croire que la collaboration n’était pas le fait de la France, en tant que machine administrative et politique, mais d’une sorte de branche illégitime de l’Etat, désormais abattue.

Une légende basée sur un postulat tronqué en vertu duquel « c’était Vichy, ce n’était pas la France ».

Aux Vichyssois d’en assumer le fardeau. A Vichy d’incarner cette période !

Jacques Chirac a fait un pas énorme, sur ce chemin de résilience. Mais il reste encore à faire.

Cette manière d’orienter le récit historique de notre pays, et la persistance même de ce déni pernicieux, constituent un vrai danger pour l’avenir.

Vivre dans le déni, c’est entretenir les braises des anciens feux.

Vivre dans le déni, c’est garder la porte ouverte à la résurgence des vieux démons.

Au moment où les populistes sont aux portes du pouvoir, et où le révisionnisme tend pour certains à constituer un programme électoral, il serait pourtant nécessaire de rappeler que c’est bien l’État, notre Etat français, qui a failli.  Notre Etat, qui peut mettre en œuvre les pires politiques lorsqu’il est entre des mains peu soucieuses des valeurs humanistes et républicaines.


Monsieur Le Président,

Je souhaite vous remettre officiellement,  pendant cette visite, une délibération de notre Conseil Municipal du 20 novembre 1944, qui demande de ne plus stigmatiser notre ville.

Je souhaite que l’Etat puisse nous accompagner dans notre projet de musée sur les 2000 ans d’histoire de Vichy, dont une partie sera consacrée, bien sûr, au régime de Pétain et à la collaboration de l’Etat Français. Parce que nous n’avons pas la mémoire sélective, et parce que nous avons besoin d’être lucide sur notre passé, sur tout notre passé.

Mais nous ne pouvons pas porter seuls cette mémoire. C’est, avant tout, à la France d’avancer sur cette période.


Monsieur le Président,

Renforcée par ces épreuves qu’elle a traversées, Vichy est forte et relève la tête.

Vichy est résolument tournée vers son avenir, Vichy avance.

Après cette année historique pour notre ville, tous les éléments sont réunis pour écrire un nouveau chapitre de notre histoire et assurer la Renaissance de notre « Reine des villes d’eaux ».

Puissions-nous la faire rayonner ensemble.

Vive Vichy !