Monument aux morts

Suite à une décision municipale du 8 août 1885, la ville possédait déjà, dans le cimetière, un monument à la mémoire des soldats français morts à Vichy, lors du conflit de 1870-1871. Le 17 novembre 1919, le conseil municipal décide l’érection d’un monument aux morts de la Grande Guerre. Durant le conflit, Vichy a reçu beaucoup de blessés soignés dans ses hôpitaux. Un certain nombre d’entre eux y décèdent, plus de 900 y sont inhumés ; après la restitution de plusieurs centaines de corps aux familles, ce chiffre est ramené à 503. Autant de tombes, sur lesquelles veille le Souvenir français. Pour prendre en charge la construction du monument, et avec l’accord du conseil municipal, le « comité du Monument aux enfants de Vichy morts pour la France »se met en place en décembre 1919, et décision est prise, en mars 1920, de lancer une souscription auprès des Vichyssois. Cette quête rapporte 238 952 F, le conseil municipal s’engageant pour 100 000 F.

Construire le monument d’une ville dont la réputation a largement franchi les frontières attire les candidats. Près de 80 propositions arriveront à la mairie1, parfois avant même que le concours ne soit ouvert, le 28 novembre 1921. Des architectes se manifestent, nombreux, comme Mohler, de Nevers, Boucaud , de Paris, d’autres de Lyon, de Dijon, de Tours…Les statuaires sont encore plus nombreux à poser leur candidature : des artistes originaires du Bourbonnais, comme Fournier des Corats ou Raymond Rivoire déjà retenu par Cusset, Benneteau ,Premier grand prix de Rome et auteur du monument aux morts de la Sorbonne, ou encore des noms très connus comme Paul Landowski ou Maxime Real del Sarte, sollicités de toutes les régions de France. Travailler pour la Reine des villes d’eaux attire incontestablement.

Lors de l’examen des candidatures, le 5 février 1922, le choix de la ville se porte sur Paul Roussel, statuaire à Paris et Grand prix de Rome, associé à l’architecte Tournaire ;le prix du monument est fixé à 400 000 F. Mais très vite, les relations se gâtent entre le statuaire et la ville, qui doit, en même temps, trouver, avec le sous-préfet de Lapalisse, une solution aux difficultés nées des négligences du comité à l’égard des règles de comptabilité publiques2. De plus, deux candidats évincés3 s’en prennent au comité, et demandent l’annulation du concours. Quant à Roussel, il en prend à son aise avec le contrat qui le lie à Vichy.Au lieu de la pierre choisie par le comité, il veut utiliser la pierre de Lens4 et demande, à plusieurs reprises, des avances. Le retard s’accumule. On fait appel à la justice. Le monument devant être terminé le 15 août 1923, Roussel est condamné à payer des indemnités de 200F par jour de retard, mais ne les paiera jamais. Finalement, en novembre 1926, le comité reprend sa liberté d’action. Mais Vichy n’a toujours pas de monument aux morts, et les cérémonies commémoratives de déroulent autour d’une stèle provisoire, construite par l’architecte Fleury, devant l’hôtel Ruhl, dans l’attente d’un monument définitif. Quant au Souvenir français, lassé par les retards successifs, il décide, en 1926, de faire lui –même érigé un monument aux morts dans le cimetière. La commission des monuments commémoratifs accepte ce projet, le 11 janvier 1928 ; le monument- la statue du Devoir par Saint-Marceaux , fondue par Barbedienne – se trouve dans l’axe de l’une des allées principales, adossé au mur, au centre du « carre » militaire.

Pour désigner un nouvel artiste capable de réaliser enfin le monument de Vichy, un second concours a lieu le 21 février 1927,avec un financement promis de 500 000 F. Six projets sont proposés, dont un émanant du maire, Lasteyras, et intitulé « Debout ,les morts ».Le gagnant est un statuaire parisien, Charles Plas , associé à l’architecte Delmeule, avec leur projet « Aux Héros ». Le travail devra être remis à la ville de Vichy en septembre 1928. Les demandes d’acomptes se succèdent, sans que, pour autant, le chantier avance… Et pendant ce temps, les riverains de la place des Nations s’agitent pour essayer de faire installer ailleurs ce monument, qui finira bien par arriver ! Les anciens combattants, pour leur part, disent leur peu d’enthousiasme devant ce soldat à demi nu, dont on leur montre la photo. Des parties du monument sont installées au cours de l’année 1931 ; mais les choses traînent au cours de l’année 1932. Lorsque le président Lebrun vient en visite à Vichy, le 21 mai 1933, il dépose une gerbe devant un monument pas encore terminé, dont on a caché habilement certaines parties. Il faut attendre l’inauguration encore deux ans.

Et en ce 11 novembre 1935, elle se fait dans le plus grand désordre, car les diverses associations, n’ayant pu s’entendre ou n’ayant pas été agrégées par le maire, organisent des défilés séparés et à des heures différentes ; l’Association républicaine des Anciens combattants ( l’A.R.A.C.) fait lever le poing à ses adhérents pendant  La Marseillaise. Mais la cité thermale a enfin son monument aux morts ! Il a coûté fort cher, un peu plus de 725 000 F, beaucoup plus que la somme prévue initialement. La « fresque héroïque » de Plas fait du monument de Vichy  une création unique, inspirée des sculptures de Rude. Á côté de cette silhouette à la fougue toute romantique, le soldat romain est empreint de  classicisme, tandis que la fresque veut rendre compte des divers aspects de l’armée moderne, avec son char et son canon, entraînée par son aumônier militaire. Les églises de Vichy ont aussi leur monument. Dans Saint-Blaise, la plus ancienne paroisse de la ville, des plaques de marbre entourent une Pietà ; tandis qu’à Saint-Louis, l’église construite avec l’aide de Napoléon III, les plaques entourent les portes de la sacristie : le mercredi 1 er septembre 1920 a lieu «  l’inauguration de deux magnifiques portiques de bois sculpté, ornés d’attributs religieux, et portant les plaques de marbre gris, sur lesquelles sont inscrits les noms des héroïques Vichyssois morts pour la patrie » en présence de l’évêque du diocèse, Mgr Penon , et de l’évêque de Saint-Dié , Mgr Foucault, qui donne l’absoute.


1 Archives municipales, série 1 M 1

2 Dossier Vichy aux A.D.A. 2 O 4730

3 Il s’agit du statuaire Eugène Piron, de Partis et du sculpteur-statuaire Georges Delperier, de Tours

4 Cette pierre sortait des carrières du massif sédimentaire de Lens , dans le Gard, exploitées par la société Lens-Industrie installée à Nîmes.

Source : "Gardiens de la mémoire", Yzeure, APRB, 2008

 

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Monsieur Emmanuel Macron Président de la République Française, instaure une journée d'Hommage aux victimes du terrorisme le 11 mars 2020 :

"L'hommage de la Nation aux victimes d'attentats en France et aux victimes françaises d'attentats commis à l'étranger aura lieu, de façon symbolique, le même jour que la journée européenne des victimes du terrorisme". "Cela fait ainsi écho à la communauté de destin qui unit les Etats membres de l'Union européenne face au terrorisme", précise la Présidence de la République.

Les environ 36 000 monuments aux morts en France représentent en leurs qualités de "sentinelles de la mémoire" un pan du patrimoine culturel invitant chacun à la découverte de la statuaire des monuments et la compréhension des valeurs qui s'y rattachent : la France, la Patrie, la République, la Liberté, la Paix.